Mona a coupé les ponts avec son père comme l’espèce humaine avec l’océan nourricier. Comment recoller les morceaux ? Loin du prêchi-prêcha, un conte moderne et poétique sur les mystères de l’apparition de la vie. Et des couleurs magnifiques.
Ce beau livre traite d’une triple disparition. Celle du père de Mona, un paléontologue qu’elle n’a pas vu depuis sept ans ; celle d’espèces marines fascinantes depuis longtemps disparues ; et celle de la faune sous-marine actuelle, parfois très ancienne et menacée par l’action de l’Homme.
Gaétan Nocq (auteur de Les Grands Cerfs) propose donc une triple quête : déjà, les origines de la vie, qui est apparue et a évolué en milieu marin, et c’est passionnant : l’auteur a su trouver les mots pour nous l’expliquer de manière simple et fluide. Il ne s’agit pas d’un exposé didactique, on est presque dans un conte. Le résultat est fascinant, porté par une représentation graphique à la fois réaliste et poétique des habitants des océans. Nocq semble d’ailleurs bien plus inspiré pour dessiner les animaux marins que les humains.
Cela nous amène à la seconde quête, celle du père. Mona a coupé les ponts avec son père après le décès de sa mère. Mais elle va partir à sa recherche, ce qui va l’amener au bout du monde, aidée (ou manipulée ?) par Thomas Flore, un jeune prof de plongée qui ne lui est pas indifférent. Il y a beaucoup d’ellipses, de non-dit dans les événements qui s’enchaînent. Mais ce qui pourrait passer pour des facilités scénaristiques et agacer contribue ici à la magie du récit.
Octopolis © Daniel Maghen
La troisième quête est celle de la vérité que nous ne dévoilerons pas ici. Disons simplement qu’elle est liée aux deux premières et qu’elle se trouve dans les fonds marins, là où la vie est née.
Ce livre de 280 pages est comme un rêve porté par des couleurs splendides, dominées par des bleus. On pense au bleu de Klein, mais surtout, bien sûr, aux océans. Dans les années 80, Le Grand Bleu, avec sa réalisation clipée et décalée, ses scènes de plongée, avait été le film d’une génération. Octopolis est tout autant un événement, mais apporte un autre regard avec les codes de la BD. Et le rythme est plus contemplatif, incitant à l’immersion.