Cinq contes qui permettent de démontrer, si besoin était, le talent narratif de Posy Simmonds. Variant les thèmes et les techniques graphiques, elle fait basculer le quotidien dans l’onirisme avec une facilité déconcertante.
Posy Simmonds a créé entre 1987 et 2004 ces cinq contes rassemblés par Denoël Graphic. La préface de Jean-Luc Fromental donne quelques clés. L'introduction de chaque conte par Posy Simmonds elle-même en livre d'autres. Et n'oublions pas le "simple" plaisir de la lecture. Car Posy a un réel talent de narratrice.
Fred est son premier livre en couleurs et son premier conte pour enfants. L'occasion de leur parler de la mort. Ici, celle d'un animal. Sophie et Nick découvrent que feu leur chat se transformait la nuit en rock-star. On bascule dans le rêve comme dans une histoire de Miyazaki.
Dans l'introduction à Lulu et les bébés volants, Posy raconte comment elle conçoit un récit pour enfants : simple mais pas simplet. L'histoire se passe dans un musée où une fillette, jalouse de son petit frère, ne veut pas aller. Des angelots s'échappent des œuvres d'art pour l'inviter à voyager avec eux dans des tableaux. Un onirisme prenant une fois encore.
Changement de ton et de technique graphique avec Matilda, adapté d'un récit de Hilaire Belloc (auteur des Cautionary tales, pas du tout politiquement corrects). Un peu d’humour noir ne nuit pas ! Le destin de cette petite fille est édifiant…
Lavande avec les renards des villes qui ont perdu leur instinct et les renards des champs qui ont gardé la cruauté animale, semble renvoyer dos à dos le vernis social urbain et la vie simple à la campagne. C’est surtout une jolie histoire pour enfants.

Cinq Contes © Posy Simmonds
Enfin, Le chat boulanger, exploité par son patron. Ce récit sur la force de la solidarité peut aussi être vu comme une critique de la société héritée des années Thatcher, souligne Fromental. Comme dans d’autres histoires de l’album, Posy Simmonds passe d’une page à l’autre du texte illustré à la bande dessinée sans que cela heurte, tellement sa narration est fluide.
A chacun de tirer (ou pas) la « morale » de ces fables dessinées avec talent et traitées avec beaucoup de justesse.