Un thriller vénéneux et sensuel, autour d’un homme veuf qui semble perdre pied. Le récit aurait été plus convaincant avec un scénario usant de moins de ficelles, mais le dessin d’André Taymans tire l'ensemble vers le haut.
Les éditions du Tiroir offrent une troisième vie à ce récit édité en noir et blanc par Casterman en 2004, puis réédité en couleur par Paquet en 2015. C'est aussi la version couleur qui nous est proposée ici, avec en bonus des projets abandonnés de couverture.
C'est avec plaisir que l'on retrouve le dessin à la fois clair et élégant d'André Taymans, pas si éloigné de celui de Berthet. L'artiste aime l'univers du polar, et cela se ressent. Nous sommes dans un petit village pendant l'hiver, ce qui lui permet de nous offrir quelques scènes sympas dans la neige. La thématique proposée par le scénariste Patrick Delperdange permet également au dessinateur de faire des séquences sensuelles rythmant l'album.

Assassine © Éditions du tiroir
L'univers fait penser à celui du tandem Boileau-Narcejac, où la réalité, le fantasme et le cauchemar s'entremêlent. La différence est qu'avec le duo d'écrivains, seul le héros se perd dans ces méandres alors que le spectateur se passionne en voyant toutes les pièces du puzzle s'assembler peu à peu. Dans Assassine, le lecteur se sent aussi confus que Simon Davenport, héros malgré lui de cette tragédie : sa femme est décédée récemment et son quotidien se fissure encore plus quand des phénomènes étranges surviennent.
Le musicien a-t-il tué sa femme, comme semble le soupçonner l'inspecteur de police ? Qui est la silhouette apparaissant sur une photo de la maison de Davenport ? Le propriétaire de l'hôtel voisin a-t-il raison dans sa quête ésotérique ou est-ce un prétexte pour se livrer au voyeurisme, voire à des activités perverses ? L'explication est-elle à chercher plutôt du côté de l'irrationnel ? Les situations et les dialogues manquent de justesse pour qu’on adhère vraiment à l'histoire, mais elle reste agréable à lire. Dans les dernières pages, on craint un peu d'être déçu après toutes les pistes esquissées. Nous ne dirons évidemment rien du coup de théâtre final, qui incite à la relecture de l’album.
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