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L'ange et pasolini

couverture de l'album L'ange et pasolini

Éditeur : Denoël Graphic

Scénario : Arnaud Delalande, Denis Gombert, Éric LibergeDessin : Delalande/gombert/liberge

Collection : Denoël Graphic

Genres : Roman Graphique

Public : À partir de 16 ans

Prix : 26.00€

  • ZOO
    note Zoo4.0

    Scénario

    3.0

    Dessin

    5.0
  • Lecteurs
    note lecteurs
    0 critique

Le synopsis de l'album L'ange et pasolini

Novembre 1975. Attiré dans un guet-apens sur une plage d'Ostie, Pier Paolo Pasolini, 53 ans, est molesté et assassiné par une bande de garçons masqués. Agonisant dans ce no man's land, le plus pieux de tous les blasphémateurs voit paraître son ange. Le dialogue s'engage... À l'occasion du cinquantième anniversaire de sa disparition, un portrait introspectif, lyrique et ciselé du scandaleux poète, polémiste et cinéaste italien, auteur de Théorème, Porcherie, Salò et autres chefs-d'oeuvre du 7? art.


La critique ZOO sur l'album L'ange et pasolini

Une biographie de Pier Paolo Pasolini ne peut se raconter qu’à la cadence effrénée qui a marqué sa propre existence. Chaque moment marquant de sa vie trouve sa place dans cet ouvrage riche et dense.

Les scénaristes, Denis Gombert et Arnaud Delalande, ont opté pour une narration non linéaire, débutant par deux épisodes survenus à la fin de la vie de Pasolini : son assassinat, où un ange se penche déjà sur son corps, puis une scène du Festival de Cannes en 1974, lorsqu’il reçoit le Grand Prix du Jury pour son film Les Mille et Une Nuits. Pris d’un malaise, il remonte le fil de sa vie et se revoit enfant.

Pasolini est le deuxième enfant d’une fratrie. Son père, militaire issu d’un milieu aisé, dilapide la fortune familiale, notamment dans les jeux. Sa mère, institutrice d’origine plus modeste, entretient avec lui une relation fusionnelle et le soutiendra toute sa vie. En revanche, les relations du petit Pier Paolo avec son père sont empreintes de rejet. L’enfance de Pasolini est marquée par de nombreux déménagements au gré des affectations paternelles. Le récit nous conduit ensuite à Casarsa, chez ses grands-parents maternels, où il passe ses étés. Il y joue au football – une passion qui ne le quittera jamais –, fréquente l’église, et l’on devine déjà son attirance pour les hommes.

Cette biographie graphique, d’une grande densité, regorge de références. Toutefois, sans une connaissance préalable de la vie de Pasolini, certaines scènes peuvent sembler obscures. Les auteurs ont fait le choix de ne pas expliquer, mais de montrer. Il est donc conseillé de lire d’abord la biographie en fin d’album pour replacer les événements et mieux comprendre le propos du scénario. L’approche fragmentée, ponctuée de sauts temporels, peut désorienter le lecteur. Bien que les auteurs cherchent à mettre en lumière certains traits de caractère de Pasolini à travers des scènes marquantes, la lecture demande une attention soutenue.

Cette narration ambitieuse permet toutefois de révéler les contradictions profondes de l’artiste, ainsi que son génie littéraire et cinématographique. Le portrait qui en ressort est d’une grande richesse : le lecteur a la sensation de toucher du doigt la complexité de Pasolini à travers ce tourbillon de souvenirs.

L'Ange Pasolini

L'Ange Pasolini © Denoel Graphic

À la fin de l’ouvrage, une envie de relecture s’impose presque naturellement, tant le personnage fascine.

Le dessin d’Éric Liberge est d’une maîtrise remarquable. Son travail en lavis, précis et élégant, magnifie chaque page. La représentation des personnages, leurs gestes, leurs mouvements : tout sonne juste. Certaines planches, en pleine page, foisonnent de personnages et d’actions imbriquées, créant de véritables fresques visuelles.

En somme, cet album de 88 pages offre un hommage dense et vibrant à un artiste hors du commun, au destin à la fois singulier et tragique. Cinquante ans après sa disparition, cette bande dessinée constitue un hommage aussi audacieux que mérité.

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