Cette fable des temps modernes commence comme une chronique sociale et bascule peu à peu dans un univers fantastique.
Dans les années 80, trois adolescents amis d’enfance, Max, Arthur et Sébastien, habitent à Clamart en banlieue parisienne. Ils fréquentent le même établissement scolaire et forment l’équipe de rédaction du journal du lycée. Un jour, une jeune fille de leur âge, Neige Agopian, vient s’installer avec sa famille à proximité des trois amis. Une relation d’amitié se noue rapidement avec le groupe, et même un peu plus avec Max qui tombe raide amoureux. Puis, un évènement soudain provoque le départ de Neige vers l’Angleterre. Les garçons se font une raison et chacun continue sa vie. Ils restent soudés, Sébastien reprend la maison d’édition familiale, il embauche Max qui s’occupe de la rédaction d’un journal et écrit des romans. Arthur a une vie un peu plus accidentée. 20 ans plus tard, Neige revient dans la maison de ses parents et reprend contact avec ses anciens camarades. Max et Arthur vont dîner chez elle, ils passent une bonne soirée, Max est toujours amoureux d’elle. Suite à cette rencontre la protagoniste disparaît à nouveau sans prévenir. Toutefois, elle apparait sur une fresque peinte dans sa chambre par un mystérieux peintre symboliste un siècle auparavant…
Extrait
© Éditions Delcourt, 2024 - Lehman et De Caneva
Le scénario de Serge Lehman est très bien construit. Le premier quart du livre se présente comme une histoire d’amitié avec des flashbacks et des non-dits. Le lecteur essaye de comprendre les liens qui unissent les personnages et capter les secrets de chacun. Puis, petit à petit, l’auteur nous embarque sur un chemin de côté, il nous plonge dans un monde onirique et fantastique tout en gardant un pied dans le réel. Les chemins empruntés sont très habiles. Les différents plans de l’histoire sont ajustés à la perfection : le présent s’éclaire peu à peu avec les flashbacks puis s’obscurcit à nouveau avec l’arrivée du fantastique.
Stéphane de Caneva a dessiné ce roman graphique de plus de 200 pages en noir et blanc. Les zones de lumières et d’ombres sont représentées par niveaux de gris. Il est à l’aise dans la représentation du monde contemporain, un peu moins dans le monde onirique. Son style réaliste, inspiré d’une certaine école US, colle bien à l’histoire. La couverture, très bien réalisée, est en décalage avec l’histoire. Entre le titre (« Les navigateurs ») et cette mer couleur cuivre, le lecteur peut avoir l’impression que l’histoire va se dérouler au XVIème siècle et raconter les mésaventures de conquistadors. Il n’en est rien, il faut passer cette première impression et se plonger dans l’histoire.