Avec acuité et la modestie qui le caractérise, Zep revient sur sa carrière avant Titeuf ainsi que sur ses ouvrages plus réalistes. Le livre est abondamment illustré, nous permettant de mieux appréhender son cheminement et la richesse de son œuvre. Au-delà du beau livre, une belle réflexion.
Romain Brethes nous offre un grand et beau livre d'entretiens avec Zep, riche en illustrations pleine page, en reproductions de planches, de storyboards ou d'extraits de carnets de croquis de l’artiste. Et ce, sur toutes ses créations autres que Titeuf, qui glisse juste sa mèche le temps d'un gag des tout débuts.
Dessiner le monde © Rue de Sèvres, Paris, 2024
En effet, Zep aurait pu être asphyxié par sa petite création blonde au vaste succès, mais il a su se réinventer, ou plutôt continuer à être lui-même tout en montrant d’autres facettes de son talent, au travers de one-shots au dessin plus réaliste dont la genèse est ici racontée.
L'ouvrage est chronologique et a permis à Zep de se confier sur son enfance et l’impact qu’elle a pu avoir sur sa carrière (mais rassurez-vous : point de psychologie de bas-étage!); puis il évoque avec humour son entrée aux arts décos, qui fut un choc culturel pour lui, ainsi que ses débuts professionnels laborieux, notamment ses tentatives d'intégrer Fluide Glacial et Spirou. Intéressante également, la prise de conscience en dessinant pour des associations qu'il était davantage lui-même en parlant de la société, l'humour l’aidant en outre à exorciser ses craintes.
Dessiner le monde © Rue de Sèvres, Paris, 2024
En fait, sans presque jamais parler de Titeuf, ces entretiens nous permettent d'en avoir une compréhension en creux. Car il y a bien sûr une cohérence dans l’œuvre de Zep. Et nous pouvons voir le chemin, parfois difficile, qui lui a été nécessaire pour explorer d'autres voies graphiques. Si l'amour de Zep pour les arbres est visible dans le livre, celui pour le dessin est encore plus criant.
Article publié dans le Mag ZOO N°101 Novembre-Décembre 2024