" Notre rôle n'est pas d'être pour ou contre, non plus de faire du tort, il est de porter la plume dans la plaie. " Albert Londres Un lauréat, un reportage, un roman graphique. L'idée est de donner, en s'appuyant sur une création originale et contemporaine en bande dessinée, un nouveau souffle aux textes des lauréats du plus prestigieux des prix journalistiques français : le prix Albert-Londres. C'est l'occasion de faire revivre des reportages mythiques - souvent inaccessibles au grand public - du prix : de la montée du nazisme à l'essor du djihadisme en passant par les conflits au Liban, en Irlande ou en Corée. Parler des héritiers d'Albert Londres, c'est raconter l'évolution du métier de grand reporter et offrir au lecteur une vision "à l'os" de l'histoire du XXe siècle à travers un regard singulier et exigeant. Pour sa première expérience de correspondant de guerre, durant dix mois, Henri de Turenne, va arpenter le front d'un conflit aujourd'hui oublié et...
La guerre de Corée dans sa complexité, vue par un reporter français. Nous sont montrées l’avant-scène comme les coulisses. Basés sur des sources de première main, les auteurs nous font revivre ces durs moments de manière saisissante.
Une collection de BD Aire Libre sur les lauréats du prix Albert Londres ? En voilà une riche idée ! Le premier album est consacré à Henri de Turenne. Si son nom peut ne rien évoquer à certains, il fut un reporter émérite, novateur en son temps, puis devint un des pionniers de la télévision française du temps de l'ORTF.
Destination la Corée, en 1950, où de Turenne est dépêché comme correspondant AFP alors que la guerre fratricide entre les deux Corées vient d’être déclenchée par un assaut du Nord épaulé par Staline. Stéphane Marchetti, lui-même prix Albert Londres, est ici scénariste. La famille d’Henri de Turenne lui a ouvert ses archives, permettant de découvrir l’envers du décor. Marchetti a pris aussi pour matériau les articles écrits par de Turenne pour le Figaro dans lesquels, au-delà des faits bruts, il décrivait les ambiances, le ressenti.
Le résultat est une suite de tranches de vie d'un reporter de guerre, ses rencontres, parfois des anecdotes, des faits qui montrent aussi bien la prise de danger des journalistes de terrain que la fragilité de la vie, qui peut s'arrêter à tout moment, dans l'angoisse et la violence. Le contexte géopolitique n'est pas oublié, afin que les lecteurs aient bien les enjeux en tête. Quelques flashbacks et flashforwards permettent de savoir d'où vient de Turenne et où il ira par la suite.
Sur le front de Corée © Marchetti et Rafael Ortiz aux éditions Dupuis, collection Aire Libre, prix Albert Londres
Le dessin de Rafael Ortiz, qui a passé deux ans sur cet album, se fait à la fois précis et nerveux. Ses petites hachures en guise d'ombres peuvent rappeler qu'en temps de guerre, tout n'est pas net, noir ou blanc, mais qu’il y a aussi beaucoup de gris. La souffrance des blessés n’est pas occultée.
Le sentiment d'urgence est bien présent. Urgence de vivre. De témoigner aussi. Cet album est un témoignage. D’autres albums sur d’autres prix Albert Londres sont en chantier, à chaque fois réalisés par des auteurs différents. Espérons que ces livres seront du niveau de celui-ci.
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