Un marin, héros de notre histoire, échoue sur une île déserte, suite à une tempête. Mais cette île semble bien étrange, peuplée de créatures inconnues semblant redouter un monstre géant tapi dans les profondeurs de l'île. Notre étrange Robinson Crusoë découvre également des artefacts anciens et inconnus qui tendent à prouver que, il y a bien longtemps, les extraterrestres ont débarqué sur l'île mystérieuse. Courses-poursuites, risque de famine, technologie alien et créatures improbables, l'île déserte renferme bien des mystères. Un ouvrage unique, " minecraftien ", où chaque scène est dessinée en cube, ce qui questionne la narration en s'amusant à un jeu de " Où est Charlie ? ". Et pourtant un vrai récit d'aventures, avec monstres et extraterrestres.
Journal d'un naufragé - 100 jours sur une île déserte
Éditeur : Vega
Auteur : GozzTraducteur : Margot Maillac
Collection : Alpha
Prix : 20.00€
- ZOO5.0
Scénario
5.0Dessin
5.0 - Lecteurs0 critique
Le synopsis de l'album Journal d'un naufragé - 100 jours sur une île déserte
Naufrage en plan de coupe
Un marin amnésique, une île déserte, des monstres… Le lecteur est en terrain familier, et pourtant, Gozz propose un langage modernisé, hors norme et original. La surprise du moment.
Le principe de la démarche artistique de Gozz est assez simple. Une illustration par page, basée sur une représentation en perspective isométrique de tronçons de l’île où se déroule l’histoire, se rapprochant ou s’éloignant, selon les besoins du récit. Ainsi, en suivant le héros qui évolue dans ce décor, on peut découvrir en parallèle les multiples créatures de plus ou moins grande taille qui se terrent dans le sol, les détails d’une grotte souterraine et parfois les restes d’une civilisation passée.
Cette façon de raconter, presque « physiologiste », nous entraîne dans une refonte complète des codes de lecture traditionnels, en découpant le décor par tranche, en montrant différents éléments qui se télescopent, en réinventant purement et simplement une dynamique narrative qui, si elle nous surprend au premier abord, finit rapidement par nous enthousiasmer. Les pages sont belles, impressionnantes, elles nous dévoilent par petites doses un monde fascinant où se croisent mille et un récits qui vont du monstre Cthulhuian aux extra-terrestres, en passant par des serpents géants, du survivalisme ou d’anciens peuples autochtones.
Formalisme, mais pas que
Ainsi, loin de se cantonner à un simple exercice de style, l’auteur s’amuse à nous plonger, par fragments, dans une aventure exploratrice absolument passionnante ou s’entremêlent les genres. On se prend au jeu rapidement, errant à notre tour au gré des chemins, observant le frémissement d’un arbre où l’on devine la tête d’un singe qui brandit un mystérieux artefact, ou une galerie qui semble avoir été habitée il y a longtemps. Sans oublier les détails sans importance pour l’histoire, mais qui rajoutent une dimension supplémentaire à ce voyage fictif, comme ce coffre enseveli sous un arbre, ces ossements éparpillés deçi delà ou cet insecte qui se fait lentement digérer dans une plante carnivore.
Un jeu, un dédale, du plaisir
On est ici face à une véritable expérience de lecteur, inédite. On suit le héros dans ses turpitudes quotidiennes, la tension, le danger qui le guette à chaque instant… Mais en même temps on prend un vrai plaisir à se perdre dans l’observation de chaque millimètre de ces illustrations. On imagine alors une seconde, une troisième, et peut-être même une quatrième histoire, on s’interroge, curieux, et même si Gozz rajoute en bonus des explications, on en viendrait à se laisser aller à les inventer par nous-mêmes.
Tout en restant de l’expérimental pur, ce volume parvient à proposer du grand public inventif et extrêmement accessible.
Une très belle performance.