En marge de ses albums, Margerin est avant tout un croqueur d’instantanés, ces petits moments pris sur le vif, pleins d’humour, de naturel, avec le sens des mots, des formules de la rue, sont sa signature, habitant chacune de ses planches. Retour à l’essentiel.
« En fait, je n’écris pas vraiment de scénario. Je me fixe un thème et note tout ce qui peut avoir un rapport de près ou de loin avec ce thème en griffonnant sur des feuilles volantes ou descarnets, des petites scènes, des gags, des situations, des dialogues...». Margerin définit là l’essentiel de la démarche qui anime ce volume qui nous plonge dans la substance brute du travail de l’artiste. Nous découvrons, autour de thèmes aussi variés que la musique, la bécane, les States, l’Amour, le troquet, le sport, Momo le coursier... le travail de recherche pour une couverture, des crayonnés laissés en plan, des crobars souvent réduits au minimum, mais déjà significatif de la personnalité de leur auteur.
On reconnait les gros pifs, la dégaine en S de ses personnages, on sourit en imaginant les bulles qui peuvent sortir de ces trombines © Dans les petits papiers de Margerin - Robinson éditions
On reconnait alors les gros pifs, la dégaine en S de ses personnages, on sourit en imaginant les bulles qui peuvent sortir de ces trombines, les injures lancées par une vieille qui a manqué se faire écraser ou le son pétaradant d’un pot d’échappement. L’univers de Margerin se déploie sous nos yeux, dénué de toute forme de récit, il évoque, provoque l’imaginaire du lecteur et charme par son aspect brut.
C’est tout l’attrait d’un croquis, d’un simple crayonné qui ne cherche pas à se lisser, à trop en faire. L’album rend ainsi hommage à cette fibre primordiale où réside tout un univers en devenir. On glisse d’une page à l’autre, absorbé...
Article publié dans le Mag ZOO N°101 Novembre-Décembre 2024