Femme de tête qui ose
À vingt ans, Jeanne d’Arc est brûlée vive. Il y avait encore des choses à redécouvrir du parcours épique de cette figure française. Dans la collection Docu BD chez Petit à Petit, Céka au scénari...
26 mai 2021
-Interview
Tristan Houllemare, Grégory Lê, Béatrice Merdrignac
Éditeur : Petit à petit
Scénario : Tristan Houllemare, Béatrice MerdrignacDessin : Grégory Lê
Prix : 19.90€
Scénario
4.0Dessin
4.0Un double assassinat, une famille étendue aux rapports complexes, un village reculé, un corbeau harceleur, des journalistes déchaînés qui mènent leur propre enquête, un jeune juge d'instruction ambitieux qui multiplie les erreurs : tous les ingrédients d'un polar implacablesont réunis ; ils forment pourtant la trame d'un fait divers bien réel... Qui a tué le Petit Grégory ? 40 ans après le drame, le coupable reste inconnu et le mystère entier. En décortiquant précisément les faits, les personnalités et les enjeux, cet album nous plonge dans la plus mythique des affaires françaises.
Depuis 40 ans, la mort du petit Grégory, retrouvé ligoté dans une rivière des Vosges, occupe la justice, les médias et le grand public. Une bande dessinée documentaire, dans la fameuse collection des Docu-BD éditée par petit à petit, raconte avec précision ce fait divers hors-normes, qui a fait date dans l’histoire de la criminalité et de la presse. Le Corbeau complète bien la bande dessinée parue dans le même temps aux Arènes et sobrement intitulée Grégory.
L’affaire du « petit Grégory », cet enfant retrouvé assassiné et ligoté, le 16 octobre 1984 dans le lit de la Vologne, au coeur des Vosges, possédait déjà ses livres et ses séries (documentaire et fiction). Mais ce fait divers hors du commun valait bien une bande dessinée. Deux, même, si l’on en croit les éditions Les Arènes et petit à petit, qui sortent en même temps une BD consacrée à l’affaire.
Si la BD éditée par les Arènes donne la parole à Jean-Marie Villemin, le père de la victime, Le Corbeau présente un travail très documenté signé Béatrice Merdrignac et Tristan Houllemare. Le dessin, à la fois sobre et profond, est l'oeuvre de Grégory Lé. C’est le troisième titre de la collection Enquêtes des éditions petit à petit, après La Traque sur Xavier Dupont de Ligonnès et Disparus, une BD consacrée à la disparition du Docteur Godard et de sa famille. Deux succès éditoriaux si l'on en croit Olivier Petit, le patron des éditions du même nom.
La force du Corbeau réside surtout dans la diversité de son traitement. La lecture est rythmée par une alternance entre des planches de BD et des phases de documentation qui s'appuient sur l'enquête, retranscrite par les deux scénaristes qui mènent un bon travail de fond. Le récit est rondement bien mené et présente l'avantage d'être une très bonne synthèse pour qui s'intéresse de près ou de loin à l'affaire.
Le Corbeau, L’affaire Grégory Villemin © Tristan Houllemare et Béatrice Merdrignac aux éditions Petit à petit
Le dessin de Grégory Lé est suffisamment réaliste pour se fondre dans les méandres d'une affaire toujours irrésolue quarante ans plus tard. Les couleurs ne dénotent pas avec une affaire qui nous plonge dans un monde aussi glauque que le quotidien des familles qui le composent. On ressort de cette lecture encore plus glacé qu'au départ : la force des détails en ajoute encore un peu plus à l'horreur. Enfin, si c'est possible.
4.5
Les scénaristes ont réalisé un minutieux travail de compilation, offrant un récit fluide et clair, largement documenté de cette affaire criminelle, une des plus médiatisées des 50 dernières années. Ils ont eu la bonne idée de débuter l’album par un arbre généalogique des Villemin, aidant ainsi le lecteur à naviguer dans les relations complexes de cette grande famille où plusieurs membres ont été, tour à tour, soupçonnés. À ce jour, l’identité du coupable reste incertaine, bien que les soupçons s’orientent vers une implication collective. Le lecteur suit pas à pas l’enquête, influencé par le récit sans pour autant pouvoir conclure avec certitude.
Grégory Lê, dessinateur expérimenté chez Petit à Petit, adopte ici un style réaliste qui permet de redonner vie aux protagonistes de cette tragédie. Son dessin, soutenu par une documentation rigoureuse, illustre l’évolution des personnages au fil des années. C’est un retour immersif dans l’ambiance des années 80 et des journaux télévisés de l’époque.
Cette BD documentaire, d’un genre relativement récent, est une réussite.
Le 04/12/2024 à 21h37
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