Absolute power

Les super-héros ne sont plus les bienvenus. Désormais chassés et incarcérés, ils vont devoir faire acte de résistance…

2025 commence juste et on a évidemment droit à la nouvelle crise DC du moment, succèdant donc directement aux troubles provoqués par Beast World. Cette fois, l'éditeur concentre toute son attention sur la redoutable et omniprésente Amanda Waller.

Que ce soit dans les comics, les films ou les séries, nous connaissons assez bien cette femme de caractère depuis plusieurs années, apparue pour la première fois lors de la mini-série Legends (Ostrander/Byrne, La légende de Darkseid, Urban Comics), où elle dirigeait la première Suicide Squad, montrant une vision des super-héros très controversée, voire même absolutiste. Au fil des années, elle a constamment nourri une méfiance à l'égard de ceux qui exerçaient la justice hors des clous, sans contrôle. Elle s’est efforcée de remettre leur image en question ou tout simplement de restreindre leur latitude. Absolute Power apparait alors comme l’aboutissement de tous ses stratagèmes. On devine que ça va être l’occasion d'en apprendre davantage sur elle, en particulier sur les motifs de cette lutte personnelle qu'elle engage contre les héros.

Cohérence éditoriale

L'un des principaux intérêts des albums Urban Comics de ce type, c'est que l’on peut apprécier le déroulement des évènements chronologiquement, alternant les épisodes de la mini-série « mère » et les interventions dans les titres des différents héros, afin de saisir plus complètement les subtils rebondissements de l'intrigue, ainsi que les conséquences qui se font sentir auprès des uns et des autres.

Bien sûr, l’intrigue est dense, touchant à l'ensemble de cet univers, et même si la conclusion peut paraître assez téléphonée, on sait d'avance qu'on va passer un agréable moment.

Autre point fort de cet album, son accessibilité. Il n’est pas nécessaire de tout connaître pour comprendre les enjeux et les actions lancées par les héros pour riposter. Peut-être peut-on passer à côté de quelques références, mais l’intrigue est captivante d’un bout à l’autre.

Absolute Power T.1 © Urban Comics

Fascinante, mais détestable

Amanda Waller est un personnage aux multiples facettes : prétendant vouloir instaurer la paix pour les humains « normaux », elle n'hésite pas à éliminer sans scrupule tous ceux qui s'opposent à elle, allant jusqu'à manipuler, faire pression ou recourir à la menace pour obtenir ce qu'elle veut, y compris de ses propres alliés. Néanmoins, malgré son caractère détestable, elle souligne un point crucial : la permissivité dont bénéficient ces héros autoproclamés et ce manque de supervision qui peut sembler inquiétant. Toutefois, la solution qu'elle avance n'est pas moins extrêmement préoccupante, peut-être plus encore que le problème qu'elle prétend résoudre, transformant Waller en une sorte de tyran qui impose sa volonté par la force. Les exemples dans l’histoire sont nombreux, malheureusement.

Sur le plan artistique, les auteurs restent au service de l'événement, tout en se faisant plutôt discrets sur le plan créatif. Un excellent comic de super-héros, mais au fil du temps, il devient difficile de distinguer qui est l'auteur derrière chaque histoire, même si ça n’est pas forcément très important, finalement. Pour ceux qui apprécient les comics de baston, avec tout de même du fond.