Trous de mémoires

Nicolas Juncker après Un Général, des généraux avec Boucq sur le 13 mai 1958, l’arrivée au pouvoir de Gaulle, revient sur le sujet. La guerre d’Algérie ce sont aussi des Trous de mémoires, une réalité française, des témoignages, ce qu’il en reste aujourd’hui, ses conséquences en 2025.

Comment parle-t-on de cette tragédie qui n’en finit pas ? Juncker signe un album intelligent, saupoudré d’humour, qui démine parfois le terrain mais qui est la chronique franco-française d’une guerre sans fin. L’élément déclencheur pour Juncker, son histoire, c’est l’hommage que l’on veut rendre en créant un musée à un photographe célèbre décédé. Il a passé une partie de sa vie à prendre des clichés en Algérie : « Oui mais aussi bondir par opportunisme sur l’occasion pour bâtir un évènement mémoriel autour de l’Algérie et de tout ce que cela a entraîné. Il y a trois acteurs de la mémoire collective, une historienne, un architecte et un politique pour bâtir un musée comme celui qui avait été prévu à Montpellier puis abandonné ».

Trous de mémoire © Juncker - Le lombard

Même encore aujourd’hui, il y a les violentes tensions franco-algériennes sous-jacentes. On a presque vécu jusqu’en1962 une guerre civile, franco-française. « Il y a tous les éléments », poursuit Juncker. « Benjamin Stora la compare à la guerre de Sécession US entre Nord et Sud. Deux sociétés françaises une en Algérie, l’autre en Métropole qui ne se comprennent pas, ne se parlent pas avec l’envoi des appelés qui vont se faire tuer sur fond de décolonisation ». Trous de mémoire ne peut laisser indifférent. Le travail de Juncker, documentation, narration, dessin est précis, rigoureux et émouvant. Les angles sont originaux et l’acte de mémoire décortiqué, remis à sa vraie place.

Article publié dans le mag ZOO N°103 Mars-Avril 2025