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Jours de chasse

couverture de l'album Jours de chasse

Éditeur : Futuropolis

Scénario : Christophe DabitchDessin : Jorge Gonzàlez

Prix : 21.00€

  • ZOO
    note Zoo5.0

    Scénario

    5.0

    Dessin

    5.0
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Le synopsis de l'album Jours de chasse

Jours de chasse trouve sa source dans une pratique apparue durant la guerre en ex-Yougoslavie. En Serbie, des groupes d'hommes, qui partaient officiellement à la chasse le temps d'un week-end dans le sud du pays, en Bosnie, participaient en fait à la guerre avec des bandes de paramilitaires ou des armées locales. Par la pratique de la terreur, en prétextant une "guerre préventive", il s'agissait alors de définir un territoire ethniquement pur, d'en chasser les Bosniaques musulmans, de "libérer" les Serbes qui s'y trouvaient et d'imposer une claire frontière entre eux et ceux-ci. Le discours nationaliste qui avait été progressivement construit depuis la mort de Tito arrivait ainsi à son terme en déchirant la fraternité et l'identité yougoslave. Ces groupes d'hommes partis à la chasse rentraient ensuite chez eux le dimanche soir, ils reprenaient le cours de leurs vies, sans que personne ne sache ce qu'ils avaient réellement fait. Peut-on rester...

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Retour au pays

Christophe Dabitch revient sur la guerre de Yougoslavie qui transforma les frères en ennemis, les voisins en menace, et les rues en plaies vives à ciel ouvert… Suivons les traces d’un fils du pays qui ne comprend plus sa terre natale.

L’action se déroule en été 1992, Milan revient à Belgrade après 5 ans passés en Finlande. Il est accueilli par ses amis Boris et Vlado pour un week-end de chasse entre potes. Il va très vite comprendre que, sous le prétexte de ces retrouvailles, il est forcé de rejoindre en réalité une milice paramilitaire chargée de « libérer » les Serbes d’un village, en « chassant » les Bosniaques musulmans du coin. Ne saisissant pas véritablement les enjeux qui peuvent pousser les ex-amis à devenir des ennemis mortels, le jeune homme ne veut pas s’impliquer, malgré les envolées idéologiques dans lesquelles il navigue désormais. Passant d’un camp à l’autre, il se rend compte que la dialectique légitimiste, les revendications sont les mêmes, qu’il n’a plus d’autre solution que de fuir ce marasme inextricable.

Jours de chasse

Jours de chasse © Futuropolis

Toutefois, Christophe Dabitch ne se lance pas dans un virulent plaidoyer pour défendre un camp plutôt qu’un autre, il observe, en retrait, le comportement de ces hommes qui ne se comprennent plus, qui glissent petit à petit dans l’horreur d’un conflit fratricide qui leur échappe complètement. À la manière de ces récits qui dénoncent l’absurdité de la guerre, Jours de chasse s’interroge sur la place de l’individu au cœur d’un mécanisme aliénant qui exige de lui qu’il s’efface au profit d’une cause plus forte, d’idéaux exaltants. Le traitement graphique de Jorge Gonzales renforce les ambiances brumeuses dans lesquelles flotte l’histoire, cette impression qu’on évolue dans un univers d’ombres qui se délitent lentement. Un album qui refuse le partisianisme.

Article publié dans le mag ZOO N°103 Mars-Avril 2025

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