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Krimi

couverture de l'album Krimi

Éditeur : Sarbacane

Scénario : Thibault VermotDessin : Alex W.inker

Prix : 35.00€

  • ZOO
    note Zoo5.0

    Scénario

    5.0

    Dessin

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Le synopsis de l'album Krimi

Quelles sont les intentions de l’inspecteur ? Pourquoi insiste-t-il tant pour que Lang fasse ce film ? Et lui, Lang, entre catharsis, frénésie de tout filmer et hypnose, quel démon poursuit-il ? Une grande artère du Berlin interlope de l’entre-deux-guerres, à la nuit tombante. Un homme à la stature imposante s’approche de Fritz Lang et l’apostrophe. Il s’agit de l’inspecteur Lohmann qui avait enquêté sur la mort suspecte de la femme du cinéaste, sept ans plus tôt. L’inspecteur insiste pour offrir une bière à Lang. Une fois attablé, le policier lui explique qu’il travaille sur une effroyable enquête dont il aimerait que le réalisateur s’inspire pour son prochain film : il s’agit de l’affaire dite du « vampire de Düsseldorf », un assassin qui tue et mutile de façon atroce ses victimes féminines avec des ciseaux, terrorisant – tout en la fascinant – la population allemande. Après l’accueil critique mitigé de La Femme...

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La critique ZOO sur l'album Krimi

1930, L’inspecteur Lohmann, qui enquête sur une série de meurtres qui défrayent la chronique berlinoise, vient trouver le cinéaste Fritz Lang qu’il rencontra sept ans auparavant, pour lui suggérer de s’inspirer de cette affaire pour un futur film, ce qui amènera finalement au projet M le maudit

En 1930, l’Allemagne est alors prise en étau entre le Parti national-socialiste de plus en plus influent et le chômage galopant qui paupérise la population. Fritz Lang et sa compagne scénariste Thea von Harbou décident alors d’écrire le scénario de M le maudit, en s’inspirant en partie des troubles sociaux qui se manifestent de plus en plus à partir de la fin de la Seconde Guerre mondiale, ainsi que plusieurs affaires policières retentissantes qui marquèrent cette période, comme les meurtres de Peter Kürten, surnommé "le vampire de Düsseldorf", qui assassina et abusa d’enfants et de femmes en 1929, ou encore, entre 1920 et 1925, des cas comme Fritz Haarmann, Friedrich Schumann, Karl Denke…

Entre fiction et réalité

Thibault Vermot et Alex W. Inker partent alors d’une série d’ignobles assassinats dans les rues de Berlin, dont s’occupe l’inspecteur Lohmann (l’un des personnages principaux de M). Ce dernier se dit que le sujet et le cadre de plus en plus tendus pourraient donner une bonne matière au réalisateur Fritz Lang qu’il rencontra quelques années auparavant, alors qu’il enquêtait sur la mort de sa première femme. L’idée étant que cette histoire pourrait éventuellement impacter l’opinion publique. Ne percevant pas tout de suite les intentions du policier, Lang finit par comprendre qu’en effet, il y a une atmosphère intéressante.

Nous plongeons ainsi dans une période de l'histoire allemande caractérisée par la montée du nazisme et par une tension sociale extrêmement forte qui stimule l’échauffement des esprits. Dans une société plus que jamais marquée par le gouffre qui sépare les classes aisées des masses prolétariennes, les gens s’intéressent finalement assez peu à ces multiples victimes issues des milieux populaires. Paradoxalement, c’est aussi une période d’effervescence sur tous les plans, littéraire, artistique ou cinématographique, avec, notamment, des œuvres expressionnistes qui marquent déjà le monde de l’Art.

Lang, dont les derniers films n’ont pas remporté le succès escompté, se remet en question et envisage, avec ce premier film parlant, de pousser encore plus son exigence en travaillant ses cadrages avec une précision incroyable et en utilisant les possibilités que peut lui offrir l’usage du son.

Krimi

" Nous plongeons ainsi dans une période de l'histoire allemande caractérisée par la montée du nazisme et par une tension sociale extrêmement forte " © Sarbacane, 2025 - Vermot et Inker


Une mise en scène parfaite

Le scénario de Thibault Vermot nous fait glisser habilement entre les différentes ambiances du récit, des bureaux de la police aux décors macabres des scènes de crime qui présentent un contraste très fort, voire brutal avec les cercles privés, licencieux, où évolue le réalisateur. Plus on avance, plus on perçoit cette énergie qui caractérise la ville à cette époque. Berlin est déjà l’un des grands pôles culturels de l’Europe au début du XXe siècle.

On a juste parfois du mal à comprendre l’insistance du policier pour impliquer le réalisateur, comme s’il voulait raviver les soupçons qu’il a eus à son encontre au moment de la mort d’Élisabeth, sa femme décédée en 1920. Et si cette insistance est malgré tout au centre du scénario, c’est surtout parce qu’elle fait le lien entre des évènements crapuleux et les thèmes qui seront ensuite développés dans le film de Lang, avec comme vague fond la montée du nazisme qui n’est pourtant pas tant pointée du doigt que ça.

Graphiquement, Inker change une nouvelle fois d’approche stylistique, adoptant un traitement entièrement en noir et blanc, ponctué régulièrement de pleines pages où il joue avec les éclairages, la typographie propre à l’époque, nous emportant en plein film expressionniste allemand. Une démonstration brillante qui transcende le scénario en lui donnant une dimension picturale exceptionnelle.

Krimi est l’une des très belles surprises de ce début d’année.

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