Hedra

Un champignon atomique s’éleva, illuminant l’horizon de sa lueur mortelle. La riposte ne tarda pas à s’abattre. Une nouvelle guerre embrasa la Terre, laissant derrière elle un monde dévasté. L’espèce humaine semblait condamnée à la désolation. Tous les regards se concentrèrent alors sur une expédition vers les étoiles, dont le membre choisi par un cruel tirage au sort, portait désormais les derniers espoirs de l’humanité.

Vers l’infini et au-delà !

Notre héros se rendant aux confins de l’espace et du temps, l’altération de ces derniers va donc logiquement jusqu’à impacter la composition même des planches. Que le lecteur sceptique se rassure, le résultat est d’une grande lisibilité rappelant aussi bien le travail d’Andreas que celui de Chris Ware. Le découpage permet souvent plusieurs sens de lecture.

Dans un premier temps, une scène globale se dégage de la page. Un parcours de lecture traditionnel reste ensuite possible mais c’est souvent un autre enchaînement qui s’impose grâce à différents inducteurs glissés dans les illustrations. De par son format allongé, la plupart des planches est formée à partir d’une matrice inhabituelle 7x5 pouvant donc donner lieu à un gaufrier de 35 cases carrées. L’auteur américain joue alors habilement avec l’alignement des gouttières qui se confondent de manière esthétique avec des éléments graphiques de la vignette (tel des déplacements de personnages ou des coups d’épée), impactant donc le rendu visuel de l’ensemble.

Hedra © Les humanoides associés

Mais le livre ne saurait être réduit à sa performance technique. En effet, Hedra s’inscrit dans la grande tradition de Science-Fiction en Bande Dessinée. Faisant référence aussi bien à Jack Kirby (on croise un silver swimmer) qu’à l’indétrônable Moebius (en particulier avec son final géométrico-métaphysique), le livre lorgne aussi du côté de la production actuelle avec son vaisseau au design proche des engins dessinés par Jérémy Perrodeau.

Récit muet oblige, de nombreux points seront laissés à la libre interprétation du lecteur à commencer par ce titre mystérieux. Certains choix scénaristiques pourront toutefois sembler faciles à l’image de ce katana perdu au milieu d’une forêt de cristal qui s’offre miraculeusement à notre astronaute. Mais ces quelques réserves s’envolent bien vite face à la prouesse de l’ensemble.

Il est certain que les amateurs de SF et de compositions léchées trouveront leur bonheur dans ce nouvel album de la collection « OVNI graphique » qui porte décidément bien son nom.