Remington 1885

Avec Remington 1885, Josep Maria Polls et Sagal font dialoguer le dernier grand chef apache et l’un des plus fameux peintres états-uniens, sur fond d’écrasement des Amérindiens. Un petit bijou.

De tous les peintres qui ont illustré la conquête de l’Ouest américain, Frederic Remington (1861-1909) est l’un des plus connus. Certaines de ses toiles sont emblématiques du crépuscule de cette période qui court pendant tout le XIXe siècle. L’artiste y témoigne de la fin d’une époque, et fait œuvre d’ethnologue en représentant cow-boys et Amérindiens avant leur quasi-disparition. Par là même, il façonne le roman national états-unien, inspirant les plus grands metteurs en scène de cinéma, au premier rang desquels on trouve John Ford.

Remington 1885 © Dargaud, 2025 - Polls et Sagal

Avec Remington 1885, Josep Maria Polls et Sagar imaginent une rencontre forcée entre Remington et Geronimo, le chef apache chiricahua tant redouté. Celle-ci n’a jamais eu lieu mais reste plausible car l’artiste a effectué plusieurs séjours en Arizona et au Nouveau Mexique, missionné par le magazine Harper’s Weekly. Il suit d’ailleurs une traque de l’armée américaine contre les Apaches. La fiction repose donc sur une certaine réalité, et permet de souligner le contraste entre deux sociétés antagonistes.

Contrairement à ceux qui les pourchassent, les dernières tribus qui résistent encore à l’homme blanc sont connectées à la nature et à la spiritualité. Avec beaucoup de finesse, les deux auteurs montrent Remington, kidnappé par les Apaches, comme un trait d’union entre les deux camps. Un récit édifiant, très solidement documenté, qui mêle chasse à l’homme, suspense et réflexion, porté par un dessin superbe. Un album qui dépasse de loin le cadre du western classique.