Avec Plus loin qu’ailleurs, Chabouté se veut explorateur du quotidien. Pour lui, pas besoin d’aller très loin pour découvrir des merveilles, il suffit d’être attentif à ce qui nous entoure.
Certains voyaient la plage sous les pavés. Avec Plus loin qu’ailleurs, Chabouté s’émerveille d’un rectangle d’asphalte urbain. Il imagine pour cela un personnage, veilleur de nuit dans un parking, fatigué par l’exiguïté de la ville, qui décide soudainement de participer à un trek en Alaska. Mais l’agence qui organise le voyage fait brutalement faillite et les rêves de grands espaces s’envolent. Notre homme décide alors que ses vacances ne seront pas gâchées par ce coup du sort. Il prend une chambre dans un hôtel en face de chez lui, et joue les randonneurs sur la place arborée qui le sépare de son domicile. Et ce qui s’annonçait comme de longues journées ennuyeuses passées sur un banc, devient une passionnante exploration d’un environnement auquel il n’avait pas prêté la moindre attention jusque-là.

Partir en restant L’Alaska, la dernière frontière... Cette contrée sauvage et hostile, le rêve de chaque aventurier voyageur... © Plus loin qu'ailleurs - Glénat
Avec un degré d’observation qu’il comptait plutôt atteindre dans les forêts du Klondike, il traque les moindres détails de son lieu de villégiature, sublimant ici une fissure sur un mur, là un vieux papier sur le bitume. Mettant ses cinq sens à contribution, le veilleur de nuit se fait ethnologue, biologiste, poète, en remplissant un singulier carnet de voyage. Jusqu’à embarquer dans sa poésie urbaine l’hôtelière qui le reçoit, et par la même occasion les lecteurs, charmés par la jolie petite musique narrative d’un Chabouté très inspiré.
Article publié dans le mag ZOO n°104 Mai-Juin 2025