Lorsque les eaux de la rivière continuent de monter, chaque habitant de Granpierre comprend que les prochains jours vont être compliqués. Le pont s'effondre, les caves sont inondées et l’électricité est coupée, il ne reste plus que l’entraide et la patience.
Avec cette fable anthropomorphique, Rodolphe s'efforce d'éveiller les consciences sur les périls du dérèglement climatique, tout en plaidant également pour une approche davantage centrée sur la solidarité des communautés. Nous suivons ainsi deux petits lapereaux, Max et Léo, qui vont, au gré des évènements, se mobiliser pour aider les uns et les autres, tant dans la logistique que dans le soutien moral. Le fait d’axer le scénario sur les actions des deux jeunes copains permet de faire comprendre que chaque geste compte et qu’au-delà des drames individuels qui se jouent au milieu de la catastrophe, il est important de se serrer les coudes.
Sans appel
Bien que Rodolphe évite soigneusement de se lancer dans une volée partisane, le constat reste sans appel. Il souligne la responsabilité des politiques d'aménagement du territoire qui ont conduit les municipalités à intensifier la construction de routes, de centres commerciaux, etc., ainsi que l'agriculture à grande échelle, la déforestation et la transformation des cours d'eau, qui sont autant de facteurs qui ont progressivement empêché les sols de réguler l’écoulement des eaux lors des inondations massives, tout en exacerbant la pollution.

Les habitants d'un village français sont confrontés à l'inexorable montée des eaux et ses conséquences. © Le Pays de l'eau qui monte - Delcourt
Devoir commenté
Plus que jamais, au milieu des débats écologiques qui animent l’actualité, où s’affrontent partisans d’une plus grande régulation et climato-sceptiques, Rodolphe comprend la nécessité de transmettre un message, d’une prise de conscience chez les plus jeunes. D’où l’idée d’une maîtresse qui fait le lien avec l’histoire de l’arche de Noé, qui explique. Malgré tout, le scénariste reste assez gentillet dans son intrigue où il aurait pu glisser davantage de colère.
Au cœur de l’action, Max et Léo appréhendent néanmoins toute l’ampleur de la situation. Qu’il s’agisse d’aller aider une vieille femme bloquée dans sa cave qui se remplit d’eau, d'un chat qui tremble sur une branche d’arbre, d’aller donner un coup de main pour évacuer l’eau qui envahit un rez-de-chaussée ou simplement de réconforter un couple de personnes âgées, ils sont partout. Un album généreux qui fait doucement réfléchir.
Article publié dans le mag ZOO n°104 Mai-Juin 2025