Ceux de la Montagne

À peine quelques mois après l’excellent Terorisuto, dessiné par François Ruiz pour Glénat, Frédéric Maffre revient avec son frère Julien et la dessinatrice Ludovica Ceregatti (Gaijin Salamander) pour nous offrir cette fois un captivant conte fantastico-moyenâgeux, dans les pas d’un ancien légionnaire aventureux, accompagné de son fils.

L’action se passe au cœur des Pyrénées, en l’an 480. L’Empire romain n’est plus, et tous ceux qui ont jadis œuvré pour sa gloire sont désormais livrés à eux. C’est le cas d’Attius qui propose ses services, en compagnie de son fils Jian qu’il a lui-même entraîné.

Pour ce premier volume, on entre directement dans le vif du sujet : une bête, qu’on appelle le Drac, tue des fermiers et enlève leurs enfants. Six d’entre eux ont jusque-là disparu ; pour les ramener, il va falloir aller sur le territoire de la créature et affronter des forces qui dépassent l’entendement.

480 après Jésus Christ, les vestiges de l'Empire romain. Deux guerriers étrangers arpentent les Pyrénées, prêts à louer leurs services © Jian T.1 - Ceux de la montagne - Le lombard

Ce n’est que le début.

Si pour l’instant l’intrigue ne mise pas nécessairement sur l’originalité la plus folle, elle nous entraîne dans une aventure des plus efficaces où se mêlent récit de chevalier et éléments de fantasy, avec une touche de mysticisme assez bien vue. Toutefois, on sent bien qu’il est surtout question d’installer des éléments et plus particulièrement le duo de personnages entouré de mystères. Attius semble hanté par son passé, et Jian apparait comme détenteur d’un puissant pouvoir que l’on entrevoit à peine. Tout est donc tourné vers le potentiel de cet univers et de ce qui peut ensuite nous être raconté, au-delà de ce premier tome introductif.

Entre traditions païennes mourantes et christianisme émergent, Jian et son père vont découvrir que les vieilles croyances ne sont pas toujours d'inoffensives superstitions… © Jian T.1 - Ceux de la montagne - Le Lombard

Toutefois, il faut bien reconnaître que Frédéric Maffre évite assez habilement de tomber dans la facilité d’un scénario trop démonstratif, sans pour autant se soustraire à l’action d’un combat ou d’une rixe de bar. Attius et Jian gagnent progressivement en profondeur, en relief et en expressivité au fil des planches, superbement mises en image par le très beau trait de Ludovica Ceregatti, sur un storyboard de Julien Maffre.

Le résultat est inspiré, les prémices d’une série qui pourrait se révéler encore plus passionnante.