Avec Le Marin Céleste, Rodolphe et Olivier Roman entraînent le lecteur dans une course contre une étrange invasion, portée par un univers rétro-fantastique aussi charmant qu’inquiétant.
Popeye vit sur un bateau aérien, propulsé par un ballon gonflé à l’héliotrope et des moteurs solaires. Il parcourt les villages pour vendre les objets qu’il collecte au fil de ses voyages. Lors d’une halte chez un ami fermier, il découvre une herbe bleue qui prolifère à une vitesse inquiétante, détruisant tout sur son passage. Plus tard, en accostant à Pont-Minet avec son bric-à-brac, il constate que la population entière est en émoi face à la progression de cette plante envahissante. Le président de la ville fait creuser un canal rempli de chaux autour de l’agglomération pour tenter de contenir la menace. Il sollicite l'aide de Popeye, espérant que celui-ci aurait lu, dans ses nombreux ouvrages anciens, une solution à ce fléau. Popeye poursuit ensuite sa route pour retrouver son amie Prune, qui vit dans une maison isolée et restaure les objets qu’il destine à la vente. En chemin, il fait une rencontre étrange : un immense insecte cloué au sol par les herbes bleues. Il parvient à le libérer, et découvre rapidement qu’il peut communiquer avec lui par la pensée.
Le scénario de Rodolphe ancre l’action sur la planète Sprague, déjà introduite dans le premier volume, mais propose cette fois une histoire totalement différente. Il y peint un univers rétro et attachant, parsemé de quelques indices sur l’origine des habitants de Sprague, laissant présager des révélations dans un futur tome. L’album, empreint de bonne humeur et d’originalité, souffre néanmoins d’une intrigue très linéaire, au dénouement décevant. Peu développée, l’histoire laisse de nombreuses questions sans réponse, notamment sur l’apparition soudaine des herbes folles.
Le dessin d’Olivier Roman, classique mais efficace, s’intègre parfaitement à cet univers. Il s’amuse à y mêler des éléments du XIXᵉ et du début du XXᵉ siècle, recréant ainsi un monde rétro-fantastique. Son vaisseau aérien évoque l’imaginaire de Jules Verne, voire celui d’Albert Robida, pionnier de la science-fiction illustrée. La mise en page, sobre et fluide, valorise des personnages expressifs. L’encrage délicat, rehaussé par les couleurs harmonieuses de Denis Béchin, donne naissance à des planches agréables à parcourir.

" [Le vaisseau aérien d'Olivier Roman] évoque l’imaginaire de Jules Verne, voire celui d’Albert Robida, pionnier de la science-fiction illustrée. " © Daniel Maghen éditions, 2025 - Rodolphe et Roman