Les éditions Anspach remettent à l’honneur Chiens de prairie, un western sombre né de la collaboration entre Berthet et Foerster. Entre poursuites, deuil et rencontres marquantes, le récit mêle habilement fiction et réalité historique. Un album au graphisme maîtrisé, baigné de poussière, de silence et de tension dramatique.
Calamity Jane mène un convoi d’enfants orphelins, dont les parents ont succombé à la variole, vers un orphelinat de Rapid City. Sur la route, elle croise JB Bone, une vieille connaissance. Ce dernier, après un braquage de banque qui a mal tourné, transporte le cadavre de son complice, qu’il souhaite enterrer à Kaiser Rock, aux côtés de sa bien-aimée disparue. Au cours d’une soirée marquée par les confidences et le bourbon, le bandit finit par s’effondrer d’épuisement. À son réveil, le convoi est déjà reparti, oubliant derrière lui un jeune garçon, Moïse. Cet enfant, sourd et muet, a été recueilli tout bébé et a récemment perdu ses parents adoptifs. Refusant d’être à nouveau abandonné, il décide de suivre JB Bone, qui continue son périple à cheval, tirant le cercueil de son ami derrière lui. Pendant ce temps, une meute de chasseurs de primes se lance à la poursuite du bandit, parmi lesquels l’étrange Salomon Wallace, accompagné de sa sœur Moïra.
Les éditions Anspach réédite cette œuvre de jeunesse de Berthet et Foerster qui se sont connus à l’institut Saint-Luc de Bruxelles. Leur première collaboration remonte à 1988 avec L’Œil du chasseur, suivie en 1996 de Chiens de prairie, un western mêlant fiction et faits historiques pour offrir un cadre réaliste au récit. Le personnage principal croise notamment Calamity Jane, dont le lecteur peut lire en hors texte des lettes qu’elle écrit à sa fille – fidèlement inspirées du recueil Lettres de Calamity Jane à sa fille. Il rencontre aussi Wild Bill Hickok le jour de sa mort, dans un saloon alors qu’il joue aux cartes, renforçant l’ancrage historique du récit au point que certains lecteurs pourraient croire à une histoire vraie.

" Le personnage principal croise notamment Calamity Jane, dont le lecteur peut lire en hors texte des lettes qu’elle écrit à sa fille – fidèlement inspirées du recueil Lettres de Calamity Jane à sa fille. "
© Anspach, 2025 - Berthet et Foerster
Graphiquement, Philippe Berthet atteint ici une pleine maturité. L’album s’inscrit entre les deux cycles de la série Pin-Upréalisée avec Yann. On y retrouve son style inimitable, à mi-chemin entre réalisme et ligne claire stylisée, servi par une mise en scène particulièrement soignée. Une séquence marquante montre le héros, à cheval, tirant le cercueil sur lequel est perché Moïse, croisant un troupeau de bisons. La scène, d’une grande force cinématographique, utilise des cases horizontales de différentes hauteurs qui créent un effet de travelling sur la course des animaux, à un rythme ralenti. Le lecteur se retrouve immergé dans cette plaine aride, presque à entendre le martèlement des sabots.
Les couleurs de Dominique David unifient l’ensemble, grâce à une palette allant du jaune au brun, instaurant une ambiance pesante, habitée de tueurs et de chasseurs de primes.
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