Om

Autant prévenir nos chers lecteurs tout de suite : cette BD n’a rien à voir avec le foot et l’Olympique de Marseille. L’auteur n’a également rien à voir avec le footballeur néo-zélandais ! Non, nous avons ici affaire à un véritable OMNI : Objet Muet Non Identifié.

Si les fans de ballon rond sont légions, ceux de Barron, eux, ne doivent pas courir les rues ! Pourtant, les aventures de Om ne datent pas d’hier, mais de 2014 ! Créé il y a plus de dix ans, ce personnage blanc et rondouillet n’ayant rien à envier au bibendum de Michelin parcourt un monde cruel et fantasque au rythme de rencontres incongrues. Voyage onirique ? Nature régénérante de par son hostilité ? Allégorie colorée d’une sinistre aventure humaine qui ne dit pas son nom ? Ses aventures ont fini par être éditées chez Hubert Edition en 2021… dans l’inconnu. Profitons de cette réédition chez Mansion Press pour plonger dans cette étrangeté.

Extrait de "OM 2nd édition" © The Mansion Press

Un Barron qui ne tourne pas rond

Le moins que l’on puisse dire, c’est que la magnifique couverture ne ment pas sur le contenu. Simple mais intrigante, elle invite le lecteur dans un délire assez saisissant. Non mais regardez-moi ces couleurs ! C’est chatoyant. C’est raffiné. C’est cauchemardesque. C’est surchargé. C’est merveilleux. C’est orgiaque… Bref : à l’image du monde que parcourt Om en silence. C’est un monde compliqué, plein de souffrances, de renaissances, de drames, de meurtres, d’humour, de haine et d’amour, avec le chaos comme seul synopsis adéquat. Et Om dans tout ça ? Et bien, comme tout le monde, il (ou elle ?) cherche sa place, tout simplement. Une raison d’être avant de n’être plus… ce n’est pas du luxe, quand on y pense. Tout le monde n’a pas cette chance !

Sans but garanti

Vous l’aurez compris, Om n’est pas à mettre entre toutes les mains, mais c’est assurément un voyage qui en vaut la peine. Chaque chapitre est l’occasion d’observer un moment de réflexion. Cette histoire n’est pas sans rappeler Le Grand Pouvoir du Chninkel (LE grand classique de Rosinsky et Van Hamme publié en 1986) de par son ambition de raconter un récit universel. Mais la couleur de Om et l'absence complète de dialogue évite toute forme de redite.

Si je ne devais donner qu’un bémol à la chose, c’est sur le prix : 25 euros tout de même ! Le papier est malheureusement devenu un luxe peu commode pour l’art et la culture. Quoi qu’il en soit, Andy Barron signe ici un intrigant petit chef-d'œuvre.

Article publié dans le mag ZOO n°105 Juillet-Aout 2025