Diane va-t-elle réussir à faire son deuil de sa mère qu’elle n’a jamais connue ? Une jolie histoire racontée par petites touches sensibles et par la palette tout aussi délicate de Yunbo. Avec une dose de fantastique en prime.
Yunbo, autrice remarquée de Je ne suis pas d’ici et de Seizième printemps, raconte avec ses aquarelles sensibles l'histoire d’une jeune fille, Diane, qui n'a pas connu sa mère. Ce manque lui pèse : elle sent un grand vide en elle. Et son père fuit le sujet. La belle-mère de Diane est attentionnée mais la jeune fille n'est pas à l'aise avec elle.
Un jour, Diane a été envoyée dans un sanatorium par son père pour y être soignée, sans doute de la tuberculose. Son oncle dirige l'établissement. Elle est seule dans sa chambre de fille de famille riche. Une nuit, Diane, qui souffre d’insomnies, va faire la connaissance de Diane-Marie qui, elle, a des problèmes de mémoire. Elles deviennent amies et se confient l’une à l’autre.

Tomber de la lune © Delcourt
Yunbo s'intéresse à la relation entre les deux jeunes filles, qui s'entraident tout en se posant des questions sur la vie, la mort, la relation mère-fille, la reproduction du modèle familial... Le propos est simple, mais joliment raconté. Un petit côté Shojo, peut-être, ou Manhwa (Yunbo est coréenne). L'influence est là, mais bien intégrée. La construction, le découpage, la narration, les détails dans le dessin : l’artiste a également bien compris et digéré la bande dessinée européenne. Son travail à l'aquarelle apporte en outre une dose de poésie. Le rythme est assez lent, parfois mélancolique. La lecture apporte ce mélange de bonheur et de tristesse que décrivent les deux jeunes filles. Un brin de fantastique ou plutôt d'onirisme complète le tableau.
C’est un travail qui est fait avec délicatesse et qui sait susciter l’émotion. Le récit est triste, parfois, mais jamais mièvre. Et Yunbo n'oublie pas pour autant de ménager ses effets : des coups de théâtre se produisent dans la dernière partie de l'album. Cet album riche de plus de 140 pages comblera les lectrices adolescentes... comme les lecteurs de tous âges qui ont gardé en eux cette part de sensibilité.