Le patient

La collection de poche de Glénat est l'occasion de (re)découvrir Le Patient, thriller tournant autour de l'attachant Pierre, seul survivant du massacre de sa famille. On retrouve sur près de 300 pages les thèmes chers à l'auteur et on ne s'ennuie pas.

A l'occasion de l'été, Glénat réédite en format compact une sélection de titres à 10 €. Attardons-nous sur Le Patient, œuvre de Timothé Le Boucher initialement publiée en 2019. Découvrir ces planches en format réduit permet de constater à quel point le dessin sensuel de l'artiste est lisible. Les couleurs en aplat y contribuent, sauf pour les scènes de nuit où les teintes sont très sombres.

Timothé a fait un mémoire sur la peur dans le 9e Art. Il applique avec talent ce qu'il avait étudié. L'histoire se passe dans un hôpital dans les années 90. La concentration de pathologies et handicaps physiques qui influent sur le mental crée un climat inconfortable contribuant à la tension du récit.

Le patient (édition poche 2025) © Glénat

Que peut nous apprendre Pierre sur l'assassinat de sept membres de sa famille alors qu'il avait 15 ans ? Après six années de coma, il reprend peu à peu des forces, mais ne se souvient quasiment pas de la nuit des meurtres. Anna Kieffer, psy d'une troublante beauté, enquête. Elle le questionne et l’hypnotise pour réveiller son passé. Leur relation est ambiguë. (Attirance ? Manipulation ?) Tout comme sont ambigus les liens que Pierre entretient avec deux autres jeunes malades, un amputé et l’autre mutique. On sent Pierre attiré par eux, malgré leurs faiblesses. L'auteur prend le temps de développer la personnalité des personnages, permettant de mieux nous immerger dans ce thriller insidieux. On retrouve des thèmes chers à Timothé Le Boucher : l'identité (y compris sexuelle), le temps, la mémoire, la famille (ici dysfonctionnelle) …

A la mi-ouvrage, Timothé Le Boucher ajoute des cases intermédiaires avec les pensées de Pierre, donnant une nouvelle dimension au récit. L'auteur avance ses pions et prend un malin plaisir à nous laisser avec un sentiment de malaise à l’issue de la lecture. On a peur de comprendre et on s'interroge sur les perspectives ouvertes. Retors jusqu'au bout...