Mako désespère de trouver l'amour. Pourtant, elle est entreprenante, séduisante et a un travail stable... mais se met à saigner du nez dès qu'elle touche quoi que ce soit qui lui paraisse malpropre. Le moindre contact physique est une épreuve, et un baiser entraîne des torrents écarlates ! Elle a bien tenté de combattre son handicap en s'exposant à la saleté au péril de sa vie, mais rien n'y fait : son blocage psychologique semble insurmontable... Mako n'abandonne pas pour autant. Un jour, elle rencontrera bien un homme capable de supporter le sang, même au lit ! Après Beastars , Paru Itagaki s'attaque à la romance entre humains ! Et ce n'est pas plus simple qu'entre animaux... Dans ce récit en un volume, elle met à nu une femme moderne à la recherche d'amour, de sexe, mais surtout d'acceptation de soi.

Bota Bota

Éditeur : Ki-oon
Scénario : Paru ItagakiDessin : Paru ItagakiAuteur : Paru ItagakiTraducteur : Djamel Rabahi
Prix : 7.95€
- ZOO
4.0
Scénario
4.0
Dessin
4.0

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Le synopsis de l'album Bota Bota
Sang pour sang naturelle
Fort du succès de Beastars de Paru Itagaki, et les débuts plus que prometteurs de Sanda, Ki-Oon propose le one-shot Bota Bota où l’autrice explore les doutes amoureux d’une jeune femme qui peine à s’accepter.
Elle s’appelle Mako Higari. Bien qu'elle aspire à une vie sentimentale classique, avec un homme qui l'accepterait pour ce qu'elle est, elle est consciente qu'à chaque essai, elle doit irrémédiablement affronter une difficulté majeure : au moindre contact avec un corps qu’elle estime « sale », elle se met à saigner abondamment, au point de non seulement effrayer l’amant potentiel, mais dans la foulée, de s'empêcher aussi d’aller jusqu’au bout de ce qu’elle a entrepris, c’est-à-dire devenir une femme… Elle a pourtant tout pour elle, elle a du charme, elle plaît beaucoup aux hommes, mais elle a beau jouer les filles faciles qui sautent sur la moindre occasion pour coucher, qu’il s’agisse des collègues de travail, du banquier croisé après le boulot, de la première rencontre qui passe, Mako n’arrive cependant pas à dépasser cette « épreuve du sang », l’ultime barrière qui se dresse sans cesse devant elle, au pire moment.
Carcan maternelle
Depuis son enfance, sa mère, blessée d’avoir été abandonnée par son mari, lui répète sans cesse qu’elle ne doit absolument pas se laisser souiller par des « relations impures », en tout cas pas avant d’avoir trouvé son âme sœur. Ce matraquage matriarcal va la suivre toute sa vie, l’amenant à se réfugier derrière une sorte de vision caricaturale de l’amour, renforcée par des fantasmes d’aventurier intrépide qui viendrait un jour l’en délivrer.
À la fois dans l’incompréhension vis-à-vis de ces cascades de sang, de ce qu’elles signifient véritablement, et frustrée de ne pas arriver à passer cette étape, Mako finit par retrouver un ancien camarade de classe, Ryunosuke, qui tient aujourd’hui un restaurant et qui est follement amoureux d’elle depuis le primaire. Le jeune homme connait le problème et semble en apparence ne pas en être affecté. Soudain, les choses semblent s’améliorer pour l’héroïne qui voit ses souhaits se réaliser, une porte ouverte vers une vie enfin « normale ».

Extrait du manga " Bota Bota " de Paru Itagaki, traitant avec humour et gravité de la construction féminine
© Ki-oon, 2025
C’est dans ta tête ?
On comprend malgré tout assez vite que cette histoire de gerbe de sang n’est en soi que la manifestation d’un déséquilibre intérieur qui reflète la difficulté de Mako à passer à travers le conditionnement qu’elle a subi. Comme de nombreuses autres femmes à qui on a entretenu le rêve qu’un jour elles rencontreraient le prince charmant, parangon de vertu et de pureté, qui serait le partenaire idéal. Plus la difficulté est grande, plus les signes sont spectaculaires, comme le sang qui gicle partout sur le sol et le plafond ou encore le degré d’excitation qui emporte la jeune femme dans des crises où elle est prête à tout pour ne serait-ce qu'avoir un simple rapport.
Bien que Paru Itagaki dose très habilement l’humour dans les dialogues, dans les réactions parfois complètement absurdes de son héroïne, le fond du récit ne prête pas nécessairement à rire. Il nous plonge dans le drame que traverse une jeune femme qui n’arrive pas à se construire intimement, enfermée dans un fantasme qui ne lui permet pas d’apprécier la légèreté de certaines aventures sans lendemain. Cette tension lui est progressivement insupportable, jusqu’au moment où elle comprend qu’elle doit déjà s’accepter elle-même, et ne pas se mettre autant de pression.
Un one-shot assez surprenant qui se révèle plus profond au fur et à mesure de la lecture, qui démontre aussi l’originalité d’une autrice qui a su développer un vrai univers hors norme.
Article publié dans le Mag ZOO Manga N°21 Septembre-Octobre 2025
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