Les enfants du pommier vol.1

Ai Tanaka est une autrice remarquablement soutenue par le Lézard noir. Le roi des limbes, La cuisine du Tengu et maintenant Les Enfants du pommier…

Vous avez ainsi de moins en moins d’excuses pour ne pas découvrir l’univers narratif d’une mangaka aux élans tragiques très intéressants. Prenez par exemple cette courte série en trois tomes qui débarque tout juste : Les Enfants du pommier. Ce manga est une histoire… de pommes. De pommes et de bien d’autres choses ! De pommes et de tradition. De pommes et de la rude délicatesse du cycle naturel. De pommes et d’accueil, de soutien et d’inclusion. De pommes et d’une étrange bénédiction folklorique qui va initier un compte à rebours potentiellement mortel, tandis qu’un village se mure dans ses inquiétudes muettes… Oups.

Extrait du manga " Les Enfants du pommier " d'Ai Tanaka, alliant avec finesse folklore et tragédie.
© Le Lézard Noir, 2025

La mauvaise pomme et la bonne poire

Ai Tanaka est brillante dans l’exécution de ce mystère. Tout, de l’ambiance à la progression narrative par touches d’humanité successives fait progresser le récit, en exacerbant naturellement la tendresse qu’on lui accorde. Yukinojo, enfant abandonné à la naissance, trouve une terre d’accueil inespérée lorsque son mariage arrangé avec Asahi le fait pénétrer à pleine vitesse dans son exploitation agricole. Tout s’effondre lorsqu’il fait manger, par mégarde, une pomme interdite à sa compagne, la désignant comme nouvelle épouse d’une divinité protectrice locale. Le silence contrit et impénétrable de la communauté, l’opposition entre rationalité logique et le constat des effets de la pomme, rien ne permettra à Yukinojo d’y voir plus clair. Mais le moment fatidique de la disparition supposée de sa femme s’approche pourtant inexorablement.

Article publié dans le Mag ZOO Manga N°21 Septembre-Octobre 2025