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L'Hôtel de l'Autre monde

couverture de l'album L'Hôtel de l'Autre monde

Éditeur : Ki-oon

Scénario : Shiro KuroiDessin : Shiro KuroiAuteur : Traducteur : Damien Guinois

Prix : 15.00€

  • ZOO
    note Zoo4.0

    Scénario

    4.0

    Dessin

    4.0
  • note lecteurs5.0
    1 note pour 1 critique

Le synopsis de l'album L'Hôtel de l'Autre monde

Suivez la destinée de personnages aussi différents qu'attachants au seuil de la mort : est-il temps pour eux de répondre à l'appel de la faucheuse et traverser la rivière ? Sur la rive du fleuve qui sépare le royaume des vivants de celui des morts se dresse l'Hôtel de l'autre monde, un refuge pour les âmes souhaitant faire une pause avant le grand saut. Là, des liens se nouent, des retrouvailles s'opèrent, des regrets et des espoirs remontent à la surface... et, parfois même, un retour en arrière miraculeux est possible. Avant Léviathan et Dragon Hunt Tribe, Shiro Kuroi a développé une série d'histoires courtes aux couleurs flamboyantes et au ton doux-amer, à la frontière entre le manga et la bande dessinée franco-belge. Dans L'Hôtel de l'Autre monde, œuvre aussi intimiste qu'humaniste, il peint de son trait inégalable une galerie de personnages face à leur destinée. En prime, découvrez La Planète de la brume, récit de science-fiction...

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Quelque part sur la colline

Avant Leviathan ou Dragon Hunt Tribe, Shiro Kuroi sillonnait les conventions avec des petits récits personnels sous le bras, rassemblés dans ce volume, qui nous plongent dans l’entre-deux mondes.

Il y a d’abord un fleuve silencieux, traversé de temps à autre par une barque conduite par une silhouette que l’on pourrait presque nommer Charon. La capuche, le visage caché, la voix sinistre, le passeur mène ceux qui l’attendent vers l’autre rive. Cependant, en attendant, les moins pressés peuvent se rendre à l’hôtel sans nom qui se trouve un peu plus haut. Il y aura forcément de la place pour eux, une chambre, un coin de salon… C’est un moment de transition, où il est encore possible de revenir en arrière, un lieu où même le Faucheur ne peut s’interposer.

On s’arrête un peu ?

Chaque récit nous immerge progressivement dans un souvenir qui vient hanter un dernier souffle, le regret d’une vie accomplie sans avoir pu retrouver un amour perdu, l’espoir d’une nouvelle chance, l’hommage d’un ami à celle qui l’a toujours protégé ou la volonté de préserver l’innocence d’une enfant maltraitée par ses parents.

Bien sûr, l’émotion est au cœur de ce volume qui s’attarde sur les silences, sur tous ces moments où les personnages repensent à leur vie et font le point. Néanmoins, l’étrange hôtel, bien qu’il reçoive les âmes de ceux qui traversent le « Styx », n’est pas pour autant le Purgatoire où chacun doit passer une épreuve avant d’aller rejoindre le Paradis. C’est une zone de concertation, de réflexion, qui permet de corriger le tir si nécessaire, de faire la paix avec soi-même, et prendre le temps de penser à tout ce qui a pu se passer jusque-là.

Juste et fin

Si les sept récits présentés ici sont durs dans ce qu’ils mettent en avant, que ce soit la fillette et les bleus qui lui couvrent le corps, la jeune fille abandonnée par l’homme qu’elle aimait ou encore le bus scolaire plein à craquer qui chavire dans le vide… Shiro Kuroi ne mise pas nécessairement sur l’apitoiement trop facile, il équilibre chaque histoire avec un propos plus subtil sur la résilience, l’acceptation, sans proposer forcément de “happy end” ou une fin trop logique.

Extrait

Extrait du manga " L'Hôtel de l'Autre-monde " de Shiro Kuroi, un ensemble de courts récits teintés de regrets sur l'entre-deux mondes.
© Ki-oon, 2025

Une dernière pause

Ainsi, dans cette étape intermédiaire, où la mémoire est encore assez vive, où chaque petit détail antérieur peut peser dans la balance, la mort n’apparait plus nécessairement comme une fatalité triste et résignée. Elle peut s’observer calmement, assis dans l’herbe, sans rien dire. Elle prend l’apparence d’un homme en costume, le visage gris et sombre, qui attend tranquillement, lui aussi, que chacun fasse son choix : quitter l’hôtel et le suivre, ou se donner une ultime chance. Cet hôtel de l’autre monde, avec sa vue sur le fleuve, sur l’autre rive, propose une perspective plus large qui permet de prendre du recul.

On se rend compte que Shiro Kuroi s’intéresse bien plus à ce moment où ses personnages pourraient hésiter entre la résignation face à cette ultime traversée, et ce que leurs derniers souvenirs raniment en eux, à cette étincelle qui parfois donne envie de résister un peu plus, de revenir parmi les vivants. C’est un cardiogramme qui redémarre, des yeux qui s’ouvrent, quand bien même ils ne se souviendraient pas de ce qu’ils ont pu percevoir sur cette colline. Là-bas, des dialogues, des confidences leur ont dévoilé de nouveaux choix et des vérités oubliées.

Deux chapitres

Le volume se conclut avec deux récits en marge des autres : « La fin de l’été » et « La planète des brumes ». La première, en couleurs directes, évoque vaguement l’hôtel et la seconde, dans un style bien plus sombre et dramatique, nous entraîne dans une ambiance SF crépusculaire. Ils mettent en avant la nature composite de ce manga qui s’est construit comme le rassemblement d’un ensemble d’épisodes épars. L’auteur en profite pour s’essayer à l’art numérique, et prend ses marques avec la narration.

L’œuvre d’un grand mangaka, tout simplement.

Article publié dans le Mag ZOO Manga N°21 Septembre-Octobre 2025

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Commentaire et critiques (1)

note de la critique de Nïail

5.0

très touchant. j'ai beaucoup aimé.

Le 05/11/2025 à 09h01