Un album qui met en lumière l’oppression des femmes en Iran. En Iran, selon la loi islamique, le père de famille est propriétaire du sang de ses enfants, il ne peut donc être poursuivi pénalement s’il s’en prend à sa progéniture. De là découle en partie la construction de la société iranienne où l’homme a les pleins pouvoirs, notamment sur les femmes, en toute impunité. Mansoureh Kamari se souvient ici de son enfance et de son adolescence sous ce joug masculin. Elle expose des faits : les interdictions multiples (rire, chanter, danser, aimer), la possibilité d’être mariée à 9 ans, exécutée à 15, après avoir été violée... Elle raconte les agressions sexuelles répétées, dans la rue, le taxi, chez le médecin, à la fac... Et la peur constante, l’impuissance, l’incapacité à maîtriser son destin. Mais Mansoureh a fuit l’Iran, elle a réussi à sortir de cette oppression permanente, et cet album est aussi l’histoire...

Ces lignes qui tracent mon corps

Mansoureh Kamari, Angèle Pacary
Éditeur : Casterman
Scénario : Mansoureh KamariDessin : Mansoureh KamariAuteur : Mansoureh KamariTraducteur : Angèle Pacary
Prix : 24.00€
- ZOO
5.0
Scénario
5.0
Dessin
5.0

3.3
2 notes pour 1 critique
Le synopsis de l'album Ces lignes qui tracent mon corps
Elle pose nu pour s'alléger du poids de son passé
Poser nue est une manière d'oublier le poids du passé pour cette jeune fille iranienne. Les brimades patriarcales, les humiliations, le joug de l'homme qui contrôle tout jusqu'à l'asphyxie féminine. Mansoureh Kamari livre une œuvre d'un incroyable intensité.
Elle pose nue. Ne pense plus à rien, qu'au bruit des crayons et fusains qui noircissent le papier. N'en a cure des regards appuyés mais sans émotion de ces observateurs d'un jour, d'une heure. Leur unique but : faire rejaillir sa plastique et la beauté de ses courbes sur le papier. Elle pose nu pour oublier son passé. Il est lourd, le parcours de cette Iranienne dans un pays dominés par le joug patriarcale vomitif. En Iran, la femme n'a pas le droit de cité, alors il lui faut s'inventer des espaces imaginaires pour survivre. A leurs pères, leurs frères, puis leur mari. Au fil de leur vie, les représentants de la gente masculine ne sont que des bourreaux.

Extrait de "Ces Lignes qui tracent mon corps" le nouvel album de Mansoureh Kamari © Casterman
Sa catharsis à elle
Elle pose nue parce que c'est ce qu'elle a trouvé comme thérapie. C'est sa catharsis à elle, la purgation de ses passions, son épurement intérieur pour ne pas rester l'héritière des violences qu'elle a subi et de la connerie des abrutis qui dirigent ce qu'il lui reste de pays. Dans Ces Lignes qui tracent mon corps, Mansoureh Kamari livre une œuvre personnelle qui montre une sacrée humanité.
Le pavé se dévore en peu de temps et fond sous les yeux du lecteur comme neige au soleil. Les pages défilent à la volée tant la lecture est intense. Elle inonde, au passage, son cœur et son âme de belles pensées. On s’immisce avec délicatesse dans ce parcours de vie chaotique mais apaisé. Le coup de crayon est grandiose, le mouvement graphique magique, le propos lumineux. Voilà un coup de cœur qu'il nous était impossible de ne pas partager avec vous. Plongez !
Article publié dans le mag ZOO n°106 Septembre-Octobre 2025
Haut de pageCommentaire et critiques (1)
4.0
Premier album de Mansoureh Kamari, une oeuvre coups de poings, une jeune femme pose nue dans un cours de modèle vivant et pense à son enfance, à son parcours. C'est ce qu'elle a trouvé comme thérapie. Une oeuvre autobiographique, un récit intime, de Mansoureh Kamari, dessinatrice d'origine iranienne, elle expose ici l'oppression des femmes en Iran, un style visuel caractériser par un dessin époustouflant qui explore le corps comme un sujet sculptural. En noir et blanc puis tend vers la couleur et se concentre sur les expressions, le corps et les gestes. Témoignage d'une enfance à Téhéran, une enfant peut être mariée à 9 ans puis exécuter à 15, une petite fille perd vite son innocence, les femmes et leurs corps sont privés de liberté pour ne pas « attiser » le désir des hommes. Des femmes violentés, réprimés, humiliés, le père de famille est propriétaire du sang de ses enfants. Je recommande. Impossible de sortir indemne de la lecture abordant la cause des femmes iraniennes.
Le 05/10/2025 à 18h09

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