En vue d'un voyage à Venise après une séparation, Nine Antico s'interroge sur son obsession pour les garçons et l'amour. Elle remonte le fil de son désir, sonde son besoin impérieux de séduire et exhume un souvenir d'enfance, clé de voûte de son rapport au sexe, aux hommes et à elle-même. Figure de la bande dessinée féminine et féministe, Nine Antico poursuit les thématiques abordées dans ses précédentes BD, Le Goût du paradis, Coney Island Baby et Madones et putains, en questionnant la part de déterminisme et de libre arbitre dans notre sexualité.

Une obsession

Éditeur : Charivari
Scénario : Nine AnticoDessin : Nine AnticoAuteur : Nine Antico
Prix : 29.95€
- ZOO
5.0
Scénario
0.0
Dessin
0.0

- Lecteurs0 critique
Le synopsis de l'album Une obsession
Introspection sexuelle
Nine Antico ouvre les portes de son intimité affective et sexuelle avec une finesse, une sincérité et une intensité rares. Il en résulte un très bel album sur le désir et ce qu'il conduit - ou pas - à faire.
Nine Antico aller à Venise en couple. Une séparation plus loin, elle hésite à faire le voyage. Afin de se décider, elle lit des ouvrages sur la Sérénissime et, comme elle l'écrit, « remonte le fil de son désir ». Elle ausculte ainsi son intérêt pour le sexe et son attirance pour les garçons, remontant loin dans ses souvenirs, des plus plaisants aux plus douloureux.

Extrait de "Une obsession" le nouvel album de Nine Antico © Dargaud
Désirer de tout son être
Bien des personnes représentées portent un masque sur leur visage. Cela fait écho à Venise et à son carnaval et opère comme une métaphore de la démarche de Nine Antico : elle se masque, visiblement pour mieux se mettre à nu. Elle remonte ainsi le cours de son existence (petite enfance, adolescence, jeune adulte…) de manière non chronologique, guidée par des parties du corps (les lèvres, le pénis), des moments… Elle aborde les situations délicates, voire les pièges dans lesquels son désir l'a menée, quelques prédateurs s'en saisissant. Elle va très loin dans l'introspection, mais avec une finesse et une douceur qui confèrent à son propos une grande profondeur, rendant ce témoignage important.
L'autrice se donne l'espace nécessaire : près de trois cents pages découpées en chapitres, des cases plutôt amples, un trait vif qui, déposant l'encre de Chine au pinceau, n'hésite pas à jouer sur les traces … Tout ici respire la vie, même lorsqu'il est question d'éléments délétères.
Libre, riche, ouverte, sincère et touchante, cette bande dessinée a un pendant cinématographique intéressant, davantage axé sur Venise : le court métrage Le Fond vert, également réalisé par Nine Antico.
Article publié dans le mag ZOO n°106 Septembre-Octobre 2025
Haut de page