Chaque nouveau livre d'Etienne Davodeau est un moment d'émotion. C'est peut-être encore plus le cas dans Là où tu vas. Il y raconte le métier de sa compagne Françoise, infirmière à domicile auprès de ceux qui souffrent de troubles cognitifs. Un grand moment d'humanité et de bienveillance en BD.
Françoise, compagne et mère de ses deux filles est sa première lectrice. Aide à domicile auprès des personnes atteintes de troubles cognitifs, en particulier souffrant de la maladie d'Alzheimer, elle ne veut pas, au départ, qu'il raconte son travail dans un livre. Alors elle est, comme c'est le cas depuis toutes ces années dans leur couple, ses yeux et ses oreilles. Il la suit par la pensée. Là où elle va. Ce métier, de son propre aveu, Françoise l'aime parce que la relation est au centre de tout. Infirmière, elle a éprouvé le besoin d'aller se former ensuite au Québec pour mieux apprendre à aider les personnes malades au quotidien. Elle y entraîne d'ailleurs Étienne pour s'imprégner de son quotidien et mieux observer comment les Québécois mettent l'humanité et l'autonomie de la personne au cœur de son accompagnement.
Côté dessin, le style d’Étienne Davodeau ne souffre d'aucun changement. Ce trait un brin réaliste qui sait laisser toute la place à l'imaginaire pour s'épanouir est idoine pour croquer les sujets abordés. C'est une nouvelle fois le cas dans cette bande dessinée en noir et blanc très personnelle et à la fois universelle, alors pourquoi diable changer une équipe qui gagne ?

Planche extraite de "Là où tu vas" le nouvel album d'Etienne Davodeau © Futuropolis
Un nouveau livre d’Étienne Davodeau est toujours un enchantement, même si comme dans tout travail, certains résultats sont moins convaincants que d'autres. Tous ont un fil rouge : la grande humanité dont fait preuve cet auteur dans son angle d'attaque et de traitement des sujets qu'il choisit. Il aura fallu quinze ans de maturation entre l'idée et le projet, mais c'est aussi la raison pour laquelle Françoise lui a dit oui.
Remercions donc cette femme qui semble, au travers des pages de ce livre, être une belle personne. Et lâchons donc le morceau : ce nouveau Davodeau est sans doute un des meilleurs. Il faut dire que son œuvre est comme certains vins. Elle se bonifie en vieillissant. Là où tu vas, c'est un velours d'humanité dessinée.
Article publié dans le mag ZOO n°106 Septembre-Octobre 2025