Olivier Ledroit se livre dans La Nef des songes, une série d'interviews dont il a choisi les illustrations chez Glénat menée par Arnaud Pagès. Olivier Ledroit ce sont les Chroniques de la Lune noire de ses débuts, Requiem ou Xoco. Et bien sûr le peintre dont le talent a désormais une place enviable sur le marché de l'art moderne avec ses expositions de « Mélancolie » à « Fées et Amazones ».
Pourquoi ces interviews qui racontent sa vie, son œuvre ? « Je l’ai souhaité. J'ai rencontré le journaliste Arnaud Pagès. Il a été l'agent de Druillet pour l'adaptation de Salambo. Pagès ne vient pas de la BD, il a pu jouer le rôle du Candide ». Avec son univers foisonnant qui s’est imposé en héroïc-fantasy, Olivier Ledroit est un cas unique. Un peintre de talent, un auteur de BD à succès avec des albums marquants, Pat Mills, Froideval comme scénaristes, mais qui est-il vraiment ? : « Au début c'était l'illustration et les effets spéciaux de cinéma qui m'attiraient. Le fantastique bien sûr, je voulais devenir plasticien. Le biais pour commencer a été d'illustrer des jeux de rôle. Pour la BD dont je ne connaissais pas grand-chose j'ai appris au fur et à mesure. Le tout est indissociable. J’aurais pu n'être que peintre mais j'aime la BD, la liberté qu’elle apporte et la prise de tête qu’est une page ».

Planche extraite de l'album "La nef des songes" le dernier album d'Oliver Ledroit © Glénat
Créer est toujours facile
Ledroit signe des tableaux parfois cruels, étranges, sentimentaux, des compositions grandioses. Ledroit est-il un peintre atypique dans le monde très sélectif de l’art moderne ? : « Non. Je suis resté un illustrateur et me suis mis à peindre il n’y a que quinze ans. La peinture est un objet unique avec de la matière, les coups de pinceaux, des dorures en relief. Ce n'est pas reproductible sans frustration. Avec peinture et BD, je me sens complet ». Réaliste, Olivier Ledroit ne s’explique pas tout : « Un artiste est en communication avec son inconscient. Il essaye de le faire ressortir sans pour autant tout comprendre. Ce n'est parfois que des années plus tard que je me rends compte de ce que j'ai voulu dire, la part de moi-même qui s'exprimait ». Pour lui créer est « toujours facile. BD ou peinture, je trouve toujours des solutions, je ne travaille pas dans la souffrance ».
Après La Nef des songes, Ledroit prépare une prochaine expo. Le thème sera le Dit du Genji, un roman japonais du XIe siècle chez Huberty en 2026. Il est aussi, on le sait moins, homme discret et impliqué à l’origine d’une belle association, « Olivier Ledroit BD et autisme » qui en septembre lancera un concours pour Angoulême avec un prix réservé aux artistes autistes Asperger.
Article publié dans le mag ZOO n°106 Septembre-Octobre 2025