Avec ce quatrième et dernier volet des enquêtes de Camille Verhœven, Pascal Bertho et Yannick Corboz livrent une adaptation tendue et haletante du polar de Pierre Lemaître. Entre un scénario efficace, une mise en scène rythmée et un dessin qui capte l’énergie du récit, cette conclusion s’impose comme un final marquant, même si l’on regrette qu’elle signe la fin de la série.
Un matin, dans une galerie de Paris, Anne Forestier se trouve au mauvais endroit au mauvais moment. Elle croise deux voyous qui s’apprêtent à cambrioler une bijouterie. Elle les voit juste avant qu’ils n’enfilent leurs cagoules et la tabassent. Elle a la vie sauve grâce à un des deux malfaiteurs qui ne souhaite pas la tuer. Pour le commandant Camille Verhœven, ce n’est pas seulement une affaire de police : c’est la femme qu’il aime qui a été jetée en enfer. Et il sait déjà qu’il ne lâchera rien.

Le début d'une traque haletante se dessine pour notre commandant préféré...
© Rue de Sèvres 2025
Car l’assaillant n’est pas un criminel ordinaire : il est obstiné, méthodique, et ne cessera de traquer Anne jusqu’à la retrouver. Alors commence une partie d’échecs sanglante entre deux hommes que tout oppose, sauf la même détermination meurtrière. Dans ce face-à-face, Anne devient l’enjeu. Et Verhœven, blessé au plus intime de lui-même, se mue en chasseur féroce, prêt à tout, même à renier ses propres principes.
Pascal Bertho signe ici l’adaptation du quatrième et dernier polar de Pierre Lemaître consacré au commandant Verhœven. Comme dans Irène, cette enquête résonne intimement pour le héros : il traque l’homme qui a sauvagement agressé sa compagne. Le scénario, solide et habilement construit, entraîne le lecteur dans une mécanique implacable, même si le dénouement paraît un peu précipité. Le suspense, lui, ne faiblit pas une seconde, et l’album se dévore d’une traite, porté par l’incertitude de son issue. Et la conclusion, loin de décevoir, s’avère à la hauteur des attentes.
Côté visuel, Yannick Corboz donne toute son identité à la série. Fidèle à la description de Lemaître, il campe un Verhœven de petite taille, entouré d’une galerie de personnages hauts en couleur : l’équipier Mariani, le divisionnaire Le Guen, le commissaire Michard ou encore le méchant de ce dernier volet. Son trait souple, allié à un sens aigu de la mise en scène, confère à la bande dessinée un rythme soutenu qui capte immédiatement l’attention. Le découpage, d’apparence classique, se révèle en réalité très efficace : le regard circule, la « caméra » se déplace autour des protagonistes à la manière des grands films d’action. La mise en couleur, assurée par Sébastien Bouët, accentue parfaitement l’atmosphère sombre et tendue du récit.
Seul regret : savoir qu’il s’agit du dernier épisode d’une série qui aurait mérité de se prolonger.