L'IIe aux chimères

Une île oubliée des cartes, un père et un fils séparés par le destin, des esclaves en quête de liberté… Entre fidélité à la tradition et souffle nouveau, ce cinquième tome s’impose comme un jalon important dans la relance réussie de Barbe-Rouge.

Le cinquième tome des Nouvelles aventures de Barbe-Rouge clôt un cycle narratif intense.

Barbe-Rouge poursuit la piste de Baba, réfugié sur une île inconnue, aux côtés d’un groupe d’esclaves en fuite. Mais, le capitaine est bientôt contraint de collaborer avec Peet, un impitoyable chasseur d’esclaves, qui l’a enrôlé de force pour traquer les fugitifs. Afin d’assurer sa loyauté, Peet n’a pas hésité à enlever la fille d’Eric. Ce dernier, après l’avoir libérée reprend la mer à la recherche de son père accompagné de Triple-Patte.

Arrivé au point de rendez-vous fixé par Barbe-Rouge au large de l’île des esclaves, Éric ne trouve personne. Décidé à comprendre ce qui se passe, il débarque sur la terre ferme avec quelques hommes, mais se fait capturer par les habitants. Emprisonné, il retrouve Barbe-Rouge. Pendant ce temps, Baba, mandaté par le chef du groupe, appareille à bord du Faucon noir avec quelques esclaves noirs et marins blancs – dont Triple-Patte – à la recherche de navires. Son objectif : capturer quelques bateaux pour former une petite flotte qui leur permettra der libérer d’autres esclaves dans les plantations de Saint-Domingue.

Jean-Charles Kraehn poursuit avec brio le geste de Barbe-Rouge et de son entourage. Il insuffle à son récit un souffle épique digne de l’héritage de Jean-Michel Charlier. Les intrigues, construites sur plusieurs albums et peuplées d’une multitude de personnages, demeurent parfaitement lisibles. Le rythme ne faiblit jamais, les événements s’enchaînent avec cohérence, et le lecteur reste captivé de bout en bout.

Le dessin de Stefano Carloni, bien que différent de celui du créateur Jean-Michel Hubinon, s’accorde harmonieusement à l’histoire. Le lecteur est désormais habitué aux changements graphiques de la série, passée entre plusieurs mains au fil des années. L’auteur italien adopte une mise en page moderne : grandes cases pour les splendides vues maritimes, succession de petites vignettes pour dynamiser l’action ou multiplier les angles de vue. Son sens du cadrage et de la narration visuelle rend la lecture fluide et captivante.

Ce nouveau tandem a su redonner vie au célèbre pirate, et l’on ne peut qu’espérer les voir poursuivre longtemps encore les aventures de Barbe-Rouge sur toutes les mers du monde.