Nuit Blanche

Voici un album idéal pour plonger en douceur dans l’esprit d’Halloween et frissonner juste ce qu’il faut avec Gaspard, petit fantôme perdu dans les bois en cette soirée particulière. Très beau récit initiatique superbement illustré, Nuit blanche, de Florian Pigé, est un véritable plaisir de lecture.

C’est le soir d’Halloween. Gaspard, déguisé en fantôme, un grand drap blanc sur lui, percé de deux orifices pour les yeux, compte sa récolte de bonbons dans ses poches quand soudain il ne voit plus sa maman. Elle a disparu. Le voilà qui se retrouve seul. Comment faire ? Il ne connaît pas le chemin de la maison, et aucun son ne parvient à sortir de sa bouche pour demander de l’aide. Gaspard décide alors de marcher et de sortir de la ville, pensant qu’il finira bien par retrouver sa maison. Mais y arrivera-t-il sans se perdre ?

Personne ne fait attention à ce petit fantôme, ni les enfants, ni les adultes. Gaspard erre dans la ville, dans la forêt, dans les champs. Un doute s’immisce dans la tête des lecteur.rices : Gaspard existe-t-il vraiment ou est-il un fantôme, un vrai ? D’autant plus que le texte et les illustrations jouent sur cette question, distillant de petits doutes jusqu’à la dernière page. Gaspard devra faire preuve d’un grand courage pour affronter cette nuit blanche. Heureusement, la voix de sa maman, toujours dans sa tête, est là pour le rassurer et lui permettre de tenir. Au fil de la nuit, l’enfant va grandir, changer et voir ce qui l’entoure de manière différente. Une fois son costume ôté, Gaspard modifie son point de vue sur ce qui l’entoure, et le ton des illustrations évolue en même temps : le petit garçon a moins peur et accepte son sort. Maman retrouvée, costume oublié dans un arbre, Gaspard n’est plus le même. Il a grandi, il a affronté ses peurs, ses angoisses et sa solitude.

Le dessin de Florian Pigé nous entraîne dans la psyché de Gaspard, calqué sur la métamorphose de son environnement.
© HongFei Cultures 2025

Les illustrations de Florian Pigé, sélectionnées pour l’exposition des illustrateur.rices de la Foire internationale du livre pour enfants de Bologne cette année, sont tout simplement magnifiques. Son travail à la peinture et aux crayons de couleur, d’une grande maîtrise, nous entraîne dans cette soirée d’automne où la lumière chaude et vaporeuse nous enveloppe de douceur et de réconfort. Les illustrations se placent ainsi en opposition au texte et viennent apaiser les frissons et la peur qu’on ressent en suivant les aventures de ce petit garçon perdu. On frissonne et on s’émerveille tout autant devant les paysages.

Un grand coup de cœur pour ce superbe album de Florian Pigé, d’une grande beauté.