Nouvelle salve d’histoires pour le Grand Vizir qui veut être Calife à la place du Calife. Sans découvrir d’innovations, on retrouve avec plaisir l’univers créé par Goscinny et Tabary, avec un Elric très à l’aise dans le style de ce dernier.
Elric maîtrise bien les canons de la série et anime les aventures de l'infâme Grand Vizir dans l'esprit de Tabary. Trois équipes de scénaristes se partagent l'invention des stratagèmes (forcément voués à l'échec). Olivier Andrieu, qui était seul au scénario pour le tome précédent, a dû faire de la place à deux duos : Clément Lemoine et Michaël Baril (qui ont écrit pour Elric le Spirou La baie des Cochons) ainsi que Zidrouet Falzar (qui ont travaillé ensemble avec De Brab sur Sac à puces et avec Godi sur Léonie). Du sang neuf qui n'a pas nui.
Si les deux précédents albums étaient plutôt agréables à lire mais avec des niveaux de scénario variables, cette fois tous ont su resserrer les boulons de la machine à gags et les cinq histoires proposées sont d’égale facture. En huit planches chacune, elles doivent développer et conclure une intrigue du Grand Vizir. Pas si facile comme exercice.

Elric insuffle une nostalgie réjouissante à ces cinq histoires du grand vizir, offrant au lecteur une plongée savoureuse dans l'univers déjanté où Iznogoud multiplie les stratagèmes pour conquérir le pouvoir.
© IMAV éditions 2025
La soeur du Calife, qui donne son titre à l'album, ouvre le bal avec Poussah-toi de là que je m'y mette, qui incite Iznogoud à devenir féministe. Le Noël d'Iznogoud oblige le Grand Vizir à être bon et généreux, ce qui n’est pas très naturel chez lui. La série n'a jamais craint les anachronismes : dans Les casques de réalité magique, la réalité virtuelle pourrait constituer une issue pour enfin se débarrasser de Haroun El Poussah. Dans Iznogoud et la licorne bleue, on peut découvrir la réalité derrière une légende et un caméo de Gargamel. Enfin vient Le massage trop relaxant, après lequel on ressemble à un chamallow fondu.
Le rythme ne faiblit pas. Les "mauvais" jeux de mots assumés, ADN de la série, sont au rendez-vous (mais avec Goscinny, même les pires calembours étaient bons !). Elric nous montre un Bagdad fantaisiste et coloré qui sied bien à ces histoires qui ne font pas d'ombre au Maître de l’humour (ce n'est de toute façon pas le but), mais qui ne se prennent pas au sérieux.