Lézards Rêveurs

Un carnet en permanence dans la poche, pour noter des pensées fugaces, une idée, le souvenir d’un rêve, d’une conversation… Jean Giraud/Mœbius ne s’arrêtait jamais d’imaginer. Les éditions Mœbius Production exhument pour nous deux de ces fameux carnets, en un volume passionnant à découvrir.

Est-il besoin d’introduire Mœbius aujourd’hui ? D’expliquer son importance dans la bande dessinée mondiale ? Jean Giraud reste à jamais le créateur par excellence d’un imaginaire au langage universel. Qu’il s’agisse des paysages désertiques de l’West sauvage, des villages mexicains où s’arrête la silhouette d’un cow-boy fatigué et affamé, d’une vaste cité futuriste parcourue par des engins volants, ou d’un oiseau de béton chevauché par un voyageur muet et énigmatique, ces images continuent de nous fasciner, tant par leur beauté formelle que par toutes ces histoires qui peuvent s’en échapper.

Une célébration de l'art de Jean Giraud alias Moebius
© Moebius, 2025

Création sans filtre 

Les deux carnets rassemblés dans ce volume ont été réalisés entre 1996 et 1998, en transit aux États-Unis et en Europe. Jean Giraud y évoque des fragments d’imaginaires, parfois au simple stade de l’esquisse, un profil ébauché, une silhouette, une page où sont tracés quelques cadres vides… Puis on voit arriver des illustrations nettement plus élaborées, qui fourmillent de détails, qui racontent même une petite intention narrative, fugace et merveilleuse. Quand, sans s’y attendre, le major Gruber se faufile, le temps d’une dizaine de pages, avec sa valise, interrogeant des inconnus dans un bar, croisant des passants, perdu dans ses pensées… Puis nous repartons dans les instantanés, feuilletant, éblouis par cette force de création, par cette énergie et la singularité d’un univers mental qui marque des générations de fans. 

Les inoubliables souvenirs

Les éditions Mœbius, dirigées par Isabelle Giraud, se donnent comme objectif de célébrer l’art de Jean Giraud/Mœbius en exhumant des petits trésors méconnus comme ces deux carnets qui, même s’ils ne s’inscrivent pas dans une œuvre narrative, n’en restent pas moins un héritage riche et extrêmement important dans le parcours de cet artiste maître. Chaque page est une porte ouverte vers un monde passionnant, chaque trait de plume, de feutre, nous rappelle combien il est important de replonger régulièrement dans le travail de Mœbius.

Je vous conseille vivement de vite retourner vers ce très beau volume des Lézards Rêveurs, vous verrez, ça n’est que le début d’un très beau voyage.