En s’intéressant à l’irrésistible ascension de l’extrême droite et du populisme sous-jacent, Philippe Richelle s’attaque à un sujet à la fois fort et original. Avec son fidèle partenaire graphique, Pierre Wachs, ils signent ensemble leur dix-huitième album qui inaugure une tétralogie qui, après Les Mystères de la 3ème République, devrait logiquement compter parmi leurs meilleurs succès en librairie.
Ancien officier de la guerre d’Algérie, Jean-Maurice Le Guen milite ardemment dans les sphères de l’extrême droite où son parti végète grâce aux contributions de ses quelques 200 adhérents. Il pourra également compter sur de généreux subsides alloués par des pays sympathisants, tels l’Espagne franquiste ou le Chili de Pinochet. Il réussit même à capter le legs d’un puissant industriel sans héritier direct. Mais lorsque Dupré, son plus proche collaborateur, subodore l’usage privé par Le Guen de cette manne financière, son arrêt de mort est signé. Le service du commissaire Pommard à Rouen sera chargé de l’enquête.
Une histoire puisant ses racines sous l'occupation
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La scène politique française ne semble plus avoir de secrets pour Richelle depuis la période de l’occupation comme en témoigne la toute première planche qui n’a pas encore livré son secret. Scénario de haute voltige, d’une parfaite fluidité, où l’on passe d’un groupe de personnages à un autre, où les affaires privées telle celle de Pommard, en instance de divorce, avec sa fille ado, harcelée par un autre lycéen, sont traitées avec autant d’acuité que l’enquête proprement dite. Chaque membre de l’équipe enquêtrice a sa propre personnalité, tout comme le tandem des deux jeunes tueurs à gages chargés d’éliminer Dupré.
Collabos blanchis, ancien poujadistes ou soldats perdus des commandos de l'OAS...
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La synergie scénario-dessin est, une fois de plus, patente. S’il frise parfois un peu trop la caricature, le trait de Pierre Wachs (ce n’est plus une surprise!), sait donner chair et humanité à tous ses protagonistes. À suivre!