Alix et Enak se lancent dans une aventure palpitante pour aider une princesse à retrouver son trône, usurpé par sa propre tante. Tous les éléments emblématiques de la série sont réunis : intrigues historiques, conflits, relations humaines... Un album qui se savoure comme une véritable madeleine de Proust.
Les deux héros rendent visite à leur ami Draco, qui vient de recevoir un lot d’animaux sauvages destinés aux jeux de Rome. Alors qu’Enak se penche au bord d’une fosse abritant un taureau féroce, il perd l’équilibre et tombe dans l’enclos. En position de faiblesse face à l’animal prêt à charger, il est sauvé in extremis par une esclave nommée Iphis. Habituée aux combats contre les taureaux, elle parvient à maîtriser la situation et à secourir Enak. Impressionné par son courage, Alix décide de la racheter à Draco afin de lui rendre sa liberté. Il l’interroge alors sur son passé et la manière dont elle a acquis une telle maîtrise du combat.
Iphis révèle qu’elle vient des îles Kamarès, situées quelque part dans l’Atlantique. Ce royaume isolé évite tout contact avec les autres civilisations. Cependant, quatre ans auparavant, une crise alimentaire a poussé le roi Tisias à envoyer sa fille négocier des accords commerciaux avec le continent. Mais cette ouverture n’a pas fait l’unanimité, notamment auprès de la sœur du régent, Dimitra. Alors qu’Iphis prenait la mer pour remplir sa mission, elle a été jetée par-dessus bord. Parvenant à s’accrocher à une barque attachée à son navire, elle a vu son agresseur sectionner la corde, la laissant dériver seule en pleine mer. Finalement, elle a été recueillie par un marchand d’esclaves qui l’a vendue comme simple marchandise.

Alix - 44 Le Royaume interdit © Casterman
Roger Seiter, scénariste et historien de formation, s’inscrit brillamment dans l’héritage de Jacques Martin. Son goût pour l’Antiquité et les récits d’aventure lui permet de reconstituer avec précision le monde antique tout en construisant des intrigues captivantes. Encore une fois, il réussit son pari et entraîne le lecteur dans une aventure captivante. Même si l’existence des îles Kamarès reste hypothétique – rappelant l’Atlantide –, le scénario demeure crédible grâce à la solidité des personnages et de l’histoire. De plus, les nombreuses références historiques, subtilement intégrées, renforcent la richesse du récit.
Quant au dessin, Marc Jailloux est sans doute l’artiste le plus fidèle au style de Jacques Martin. Son travail minutieux sur les décors et sa recherche approfondie confèrent à l’univers une authenticité indéniable. Soucieux du moindre détail, il s’est même servi de papiers laissés par le créateur d’Alix afin de créer dans les mêmes conditions. Les personnages conservent ainsi leurs traits caractéristiques et leurs postures emblématiques, légèrement figées. Enfin, la mise en couleurs de Florence Fantini s’inscrit parfaitement dans la tradition de la série, avec des aplats harmonieux et maîtrisés qui lui redonnent tout son éclat d’antan.