Dans cette suite du très bel Abélard, Gaston fait une nouvelle rencontre : un enfant, curieux et exigeant, qui donne son avis en toutes circonstances. Ce dernier décèle également la mauvaise foi des plus grands. Qui de l’enfant ou de l’adulte chaperonne l’autre? Une ouverture d’un deuxième diptyque émouvant pour une subtile critique des relations humaines.
Samedi, c’est jour de paie au chantier. Gaston va fêter ça chez Georges, un bar de New York où il retrouve ses amis, et notamment Purity, une prostituée qu’il fréquente régulièrement. Au-delà de la relation pécuniaire qui les unis, Purity est une amie. À sa mort, Gaston vient à son chevet et lui promet de s’occuper de son fils d’Alvin.
Après son aventure aux côtés d’Abélard dans le diptyque précédent, Gaston voyage avec Alvin à la recherche d’une famille qui pourrait accueillir l’enfant. C’est toujours le même ours mal léché mais si tendre et digne de confiance. Au cours de leur périple, chaque rencontre est une épreuve qui façonne la conception de la vie et les rêves des protagonistes. Un premier tome poétique et touchant, où les relations qui lient les personnages donnent à s’interroger sur notre rapport aux autres.
Le dessin dynamique de Renaud Dillies, aux traits nombreux, entrecroisés et d’épaisseurs variées, aux hachures énergiques et expressives, met en image avec tendresse et mélancolie le scénario de Régis Hautière. Dans cette ambiance intimiste, les formes ont parfois plusieurs contours : les personnages rondouillets et doux inspirent la gentillesse et la bienveillance. Leurs humeurs les révèlent parfois grognons, mais ils demeurent attendrissants par leurs charmantes apparences. L’atmosphère des planches incarne la délicatesse du récit.
Enfin, quelques proverbes sortis du chapeau d’Abélard conservé par Gaston, accompagnent cette aventure humaine dans l’appréciation d’un monde parfois rude. Alvin, BD sensible et savoureuse, témoigne avec les relations entre ses personnages tantôt de la beauté, tantôt de la cruauté de notre société.