Après Le Labo sorti en 2021, le duo Bourhis/Varela se reforme pour nous proposer la première partie d’un polar américain sur fond de meurtres sataniques, dans les pas d’une jeune inspectrice tout juste sortie de l’école de police.
Alors qu’on aurait pu attendre les deux auteurs sur un registre nettement plus décalé, ils nous surprennent avec ce récit d’une facture relativement classique, mais assez accrocheur. L’histoire prend place à San Francisco, à la fin des années 60. Kimberly Tyler vient d’intégrer la SFPD, où travaillait auparavant son père. Pour sa première enquête, elle assiste le Lieutenant Ford qui doit élucider le meurtre d’une jeune femme retrouvée nue et sauvagement mutilée, un symbole satanique gravé sur le ventre.
American Parano, T. 1, Black House © Dupuis, 2024
California Dreamin'
1967, l’Américain moyen regarde en biais l’éclosion de la flower power, des Beatniks qui traînent partout et des dealers noirs qui font peur, alors qu’en périphérie se développent des phénomènes sectaires autour de gourous manipulateurs qui prônent l’amour de Satan ou d’autres divinités plus ou moins obscures. C’est ainsi que nous rencontrons le mystérieux Baron Yéval, grand prêtre autoproclamé, célèbre pour ses fêtes privées et ses cérémonies en l’honneur du « malin ». Dans cette première partie, il est peut-être moins question de véritablement enquêter sur les victimes que de confronter les différentes personnalités les unes aux autres. Bourhis joue adroitement avec les codes du récit de flics tout en amenant son héroïne à se révéler petit à petit. De son côté, Varela reste tout en retenue. C’est évidemment très beau, mais ça manque de cette savoureuse folie que l’on retrouve habituellement dans ses créations en solo. Un album qui donne néanmoins envie de lire la suite.