Une étrange épidémie sévit à Paris, condamnant les personnes amoureuses à une catalepsie irréversible. Remise en cause du couple, montée de paranoïa et de sexisme, mesures autoritaires... Si l'intrigue en elle-même ne convainc pas totalement, des questions intéressantes émanent de ce scénario original.
Tout commence par une femme, retrouvée pétrifiée chez elle, une lettre d'amour à la main. Suivent bientôt des dizaines de victimes, souvent des couples, coincées dans un corps qui refuse de bouger mais dont les fonctions vitales ne sont pas altérées. Olga, journaliste, couvre les événements, mais pétrifie un de ses collègues alors qu'elle-même et son compagnon ne se sont pas paralysés. Sa rencontre avec un arnaqueur qui prône la maîtrise des sentiments va bientôt changer la donne.
Avec un titre pareil et un scénario basé sur une « maladie d'amour », cette BD a de quoi rebuter les allergiques à l'eau de rose. Mais, heureusement, l'auteur s'attarde moins sur la maladie que sur ses conséquences sur la société : foule fuyant la capitale, mesures interdisant les œuvres faisant éprouver trop d'émotions... Surtout, la paranoïa se développe et les femmes sont les premières touchées : virées pour ne pas mettre en danger les hommes, brassard pour celles qui ont déjà paralysé quelqu'un... La question des couples non paralysés, entre acceptation ou divorce, est également creusée.
Le problème, c'est qu'on n'éprouve aucune empathie pour les personnages au caractère versatile et aux dialogues parfois décalés. Les péripéties amoureuses de l'héroïne, entre clichés et niaiserie, agacent un peu. Le dessin n'est pas désagréable mais il reste assez plat, sans vivacité, impression accentuée par le choix d'une colorisation en dégradés de gris. Quant aux personnages, leurs traits paraissent si figés qu'on finit par ne plus distinguer les paralysés de ceux qui ne le sont pas...
Trop de points négatifs viennent ainsi gâcher ce qui aurait pu être une belle métaphore de notre société.
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