Septembre 1943. Tandis que Fernand, fermier veuf, perd sa seule vache alors qu’elle venait de mettre bas, les fermiers voisins reçoivent en pleine nuit d’étranges visiteurs. La famille Charviel accueille la petite Annah qui leur est confiée afin d’échapper aux rafles orchestrées par l’occupant allemand. Après nous avoir conté les aventures de Meylie et Alex sur deux tomes, Muriel Zürcher et son complice Nicolas Julo, abordent cette fois une page d’Histoire plus grave.
Fernand est résolu à vendre son veau au boucher du village voisin pour boucler des fins de mois difficiles mais Maurice, son jeune fils, ne l’entend pas de la même oreille. Dès le lendemain, le gamin s’en va le cacher dans une grange abandonnée sur les hauteurs. Et pour le nourrir, il ira chaparder un peu de lait dans l’étable des Charviel. C’est ainsi qu’il va faire la connaissance d’Annah, alias Annick, et fraterniser avec elle pour le meilleur et le pire, vu le contexte de l’époque.
Rivé à leur magnifique terroir de Chartreuse, le tandem nous conte une période pour le moins trouble, sans pour autant se départir de l’humour de ses précédentes histoires. Un savant cocktail oscillant entre légèreté et gravité sans jamais tomber dans le pathos. Un rappel historique de deux pages vient éclairer le lecteur sur le statut particulier du département de l’Isère après l’abrogation de la ligne de démarcation entre la zone occupée de la zone libre en 1943. Jusqu’alors la région était sous le contrôle de l’Italie, alliée du 3ème Reich, jugée trop laxiste face à la montée de la Résistance.
Après Le Trésor de Chartreuse récompensé du titre de meilleur album catégorie « jeunesse » au festival Bédéciné d’Illzach en 2018, Nicolas Julo confirme avec son dessin très expressif qu’il a encore de la ressource pour surprendre son public tout en abordant des sujets graves avec une légèreté de bon aloi.