Dix ans après La Malédiction des trente deniers, Jean Van Hamme retrouve Blake et Mortimer. Avec Peter van Dongen et Teun Berserik au dessin, il dresse un pont avec le premier récit de Jacobs.
Les ennemis de mes ennemis sont mes amis. Voilà un adage que l’Irish Republican Army (IRA) suit à la lettre à la fin des années 1930. Depuis la partition de l’Irlande en 1921 (Eire indépendante au Sud et Ulster britannique au Nord), l’organisation armée combat pour la réunification des deux Irlande. À tel point qu’elle s’allie avec l’Allemagne nazie, ennemie du Royaume-Uni, en espérant recevoir d’elle une assistance militaire. L’accord ne donne pas grand-chose, si ce n’est des promesses et des projets, dont celui de détruire Buckingham Palace et la famille royale par la même occasion.
Blake et Mortimer t. 28 Le Dernier Espadon
© Blake et Mortimer, éditions 2021
C’est précisément dans ce contexte historique que Jean Van Hamme place l’intrigue du Dernier Espadon en imaginant les retrouvailles après-guerre entre d’anciens SS (ayant réussi à passer entre les mailles du filet) et les responsables de l’IRA pour mener à bien, cette fois, la destruction du palais royal londonien.
La madeleine de Jacobs
En droite ligne du diptyque La Vallée des Immortels (T. 25 et 26), dont l’action se déroule d’ailleurs quasiment au même moment, Le Dernier Espadon joue à plein la carte nostalgie en reliant son intrigue à celle du Secret de l’Espadon, le premier récit de la série.
Blake et Mortimer t. 28 Le Dernier Espadon
© Blake et Mortimer, éditions 2021
Quelques mois après la chute de l’Empire jaune de Basam Damdu, l’objectif des nazis alliés à l’IRA est en effet de voler un des cinq derniers Espadon encore en état de marche pour bombarder Buckingham Palace. Pour ce faire, la galerie de personnages convoqués par Van Hamme fleure bon l’aventure jacobsienne. Olrik évidemment, Nasir (avant d’intégrer le 99 bis Park Lane), mais aussi Razul le Bezendjas et Mohammed Wali, renvoient Mortimer (et les lecteurs) à des souvenirs et des lieux connus (la base de Makran, la ville de Turbat).
Pas de révélations dans cet album, mais l’impression de retrouver de vieux amis au début de leurs aventures communes.
Article publié dans le mag ZOO n°84 Novembre-Décembre 2021