L’ultime album dessiné par André Juillard est donc un Blake et Mortimer. Outre cette série dont il fut un des repreneurs, il aura marqué l’histoire de la bande dessinée avec Ariane de Troïl (Les 7 vies de l’Épervier) et avec Louise (Le Cahier bleu). L’homme, pourtant discret, laisse son empreinte. Merci à lui.
Trois mois après la disparition d’André Juillard paraît Signé Olrik, scénarisé par Yves Sente. Bien qu’atteint d’une longue maladie, la main du dessinateur n’a pas tremblé sur ces pages. Et il s’agit peut-être du Blake et Mortimer dans lequel on sent le plus la patte graphique du Maître, derrière le respect pour l’œuvre d’E.P. Jacobs.

Il s’agit peut-être du Blake et Mortimer dans lequel on sent le plus la patte graphique du Maître André Juillard © Blake et Mortimer, T. 30, Signé Olrik
Outre Blake et Mortimer, une riche carrière
Juillard restera indissociable des 7 vies de l'Epervier, série au long cours qui l’a fait connaître. Il fut assurément un des piliers de la BD dite historique qui fit les beaux jours de la collection Vécu. Dans les textes de Patrick Cothias, une veine fantastique transparaissait parfois. Et dans Signé Olrik, une épée magique est au cœur de l’histoire concoctée par Yves Sente : Excalibur. N’ayons aucun doute sur le fait que Juillard ait pris plaisir à mettre en scène les flashbacks sur la légende arthurienne. Son amour du dessin a aussi pu être comblé par la représentation des paysages des Cornouailles comme de ses vieilles pierres.
Juillard ayant grandi avec les récits de Jacobs et de Jacques Martin (rappelons que pour ce dernier, il dessina les premiers tomes de la série Arno), il aura certainement apprécié de traduire une nouvelle fois l’ambiance des années 50-60 avec les carrosseries si particulières des voitures d’alors. Et lui qui aimait les avions au point que Yann lui proposa deux scénarios sur ce thème (Mezek et Double 7), il nous offre dans ce dernier Blake et Mortimer une scène avec un Westland Lysander dans le ciel de Londres.

Dans Signé Olrik, une épée magique est au cœur de l’histoire concoctée par Yves Sente : Excalibur. © Blake et Mortimer, T. 30, Signé Olrik
Femmes, je vous aime
Outre Les 7 vies, Juillard mit en scène les femmes dans son célèbre Le Cahier bleu, dans la série de politique-fiction Lena (avec Pierre Christin) et dans de nombreux croquis de nus regroupés en recueil. Si les femmes occupent peu de place dans Signé Olrik, elles eurent un rôle plus important dans certains des sept autres volumes qu’il aura consacrés au duo britannique. Dont Nastasia Warsynska, jeune scientifique russe que l’on vit dans plusieurs récits ou l’Indienne Princesse Gita, amour de jeunesse de Mortimer. On retrouve d’ailleurs davantage le style de Juillard dans les femmes qu’il créa dans Blake et Mortimer, alors que ses hommes sont plus « jacobsiens ».
André Juillard n’est plus, mais restent ses albums dans lesquels il a usé de tout son talent pour faire vivre ses personnages.
Article publié dans le Mag ZOO N°101 Novembre-Décembre 2024