La première partie de ce diptyque s’achevait sur la découverte par Al Chrysler de la plaque d’identification d’un soldat mort sur laquelle figure le nom de la personne à prévenir si celui qui la porte devait périr. Il y découvrait celui de son amour de jeunesse dont il a été séparé après qu’il ait été condamné à dix ans d’emprisonnement. Le récit brillamment échafaudé par Mikaël réserve encore bien des surprises à ses lecteurs.
Car ce second tome va répondre à un grand nombre de questions laissées ouvertes, notamment la raison pour laquelle Al s’est engagé dans l’armée en 1945 pour rejoindre le front en terre allemande d’où, rappelons-le, il est originaire. Les séquences alternent depuis sa sortie de prison à New York avec les scènes de guerre où il va retrouver Joe Diddle, le seul survivant de la petite bande qui constituait sa vraie famille.
Outre le décor newyorkais de l’époque du début des années 30, la dramaturgie avec un scénario solidement charpenté, rappelle à bien des égards le chef-d’œuvre de Sergio Leone Il était une fois en Amérique, cependant sans jamais verser dans le plagiat. Altenberg, fils d’émigrés allemands de souche juive, a fermement cru au rêve américain en s’intégrant dans le melting-pot de cette jeune nation, pleine de promesses. Il veut totalement rompre avec ses origines et, comble de l’ironie, va se retrouver à combattre dans le village qui lui valut son prénom choisi par ses parents.
Sur le plan esthétique, le dessin parfaitement rodé de Mikaël depuis son premier diptyque, Giant, restitue magnifiquement le décor de Big Apple de l’époque avec ses perspectives et ses cadrages fabuleux et ses couleurs à dominantes sépia et brunâtres. Tout comme les tomes précédents, cette première édition est complétée par un très beau cahier graphique centré ici sur la recherche des différents personnages.