À l’issue du premier tome, Maximilien d’Autriche et son épouse, Charlotte de Belgique, s’embarquaient pour le Mexique où Maximilien a été institué empereur sous l’influence de Napoléon III. Fabien Nury poursuit sa remarquable chronique des régimes princiers et déroule, solidement épaulé par le trait puissant de Matthieu Bonhomme, un récit qu’on ne lâche pas avant d’avoir tourné la dernière page.
L’accès au trône autrichien occupé par son aîné lui étant définitivement condamné, Maximilien a dû se contenter d’un simple strapontin : gouverneur de la Lombardie-Vénétie ! Aussi, l’opportunité de régner sur le Mexique représente pour lui une aubaine inespérée. Mais à peine débarqué, le couple va se rendre compte qu’il s’agit là d’un cadeau empoisonné. Dans ce pays croulant sous la misère, la révolte gronde. La guérilla menée par Benito Juarez inquiète le pouvoir en place qui attend beaucoup de son nouvel empereur soutenu par l’armée française et le clergé. Très vite, Maximilien se désintéresse de son rôle pour s’abandonner à ses vieux démons et c’est à Charlotte qu’il incombe de prendre les rênes du pouvoir.

Un ouvrage d’historien serait sans doute utile pour mesurer la part fictive que Fabien Nury a insufflé à son scénario mais, foin des libertés qu’il a prises, son histoire sonne juste. Le portrait qu’il dresse de Charlotte, endossant un rôle qui ne lui était pas destiné, passe par toutes les émotions. Loin de se laisser désillusionner par l’incapacité de son époux, face à la misère d’un peuple qu’elle aimerait tant soulager, elle se trouve elle-même prise dans l’engrenage d’un pouvoir qui lui échappe.
L’enthousiasme que Matthieu Bonhomme a dû ressentir à la lecture du projet transpire dans sa manière de rendre toutes les gammes d’expressions de ses nombreux personnages. De toute évidence son amour du western est comblé avec ces paysages arides mexicains où son trait éclate littéralement. L’attente du troisième tome va sembler longue !