Le Corto Maltese du XXIe siècle doit faire face aux enjeux climatiques, ou plutôt à ses conséquences sur des atolls du Pacifique Sud. Activistes écologistes, membres de triades et Corto s’agitent en tous sens dans une aventure endiablée.
Martin Quenehen et Bastien Vivès continuent à animer un Corto Maltesecontemporain en parallèle de celui, plus canonique, de Diaz Canales et Pellejero. Le scénariste a injecté des préoccupations contemporaines pour alimenter l'intrigue : dans l’archipel polynésien, les changements climatiques menacent l’existence des îles Tuvalu, d'où l'action d'écowarriors. Sans occulter les problèmes géopolitiques autour de ces îles : la Chine mettrait bien la main dessus et utilise des triades pour avancer masquée.
Comme dans les deux tomes précédents qui se passaient vingt ans auparavant, l'action est privilégiée. Corto se laisse entraîner par deux femmes activistes très déterminées : la blonde à tendance suicidaire Piper, ex-SAS, et la brune Teana, avocate qui n'a pas peur du coup de feu. Jusqu'où peut-on aller pour ses convictions, semble s'interroger Quenehen. Un atout précieux pour cette mission commando est Marcus, pilote d'hydravion et ex-pirate, hélas amateur de drogues dures. Il ne tient que grâce à son amitié pour Corto. Bref, pas le commando idéal, mais il va falloir faire avec.
Le graphisme épuré de Bastien Vivès sert parfaitement le récit de Martin Quenehen, nous plongeant avec Corto dans une mission de sauvetage teintée d'urgence climatique.
© Casterman 2025
Le groupe rencontre des personnages hauts en couleur ou énigmatiques, dans l'esprit des récits de Hugo Pratt : des jeunes mi-voyous mi-désœuvrés qui filment tout avec leur smartphone, un membre de triade qui philosophe avec Piper entre deux échanges de tirs, un chef de secte aux propos parfois cryptiques vivant sur une île perdue, Bigman. Sans doute le plus "prattien" des protagonistes de cette histoire.
Bastien Vivès donne l'impression de dessiner comme il respire. Il ne cherche pas à copier le style de Pratt. Son style rapide et efficace fait mouche, tout particulièrement dans les nombreuses scènes d'action. Mais avec une économie de moyens, Vivès sait aussi faire passer les émotions dans les scènes plus intimistes, comme lors des échanges entre Corto et la jeune Lan-Shi.
Mais Corto peut-il sauver le monde ?
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