Delaf s’est appliqué à offrir aux lecteurs un Gaston dans l’esprit de Franquin. Si le résultat manque de folie, c’est un album solide graphiquement qui fera souvent sourire et donnera envie de relire la série. Ne boudons pas notre plaisir.
Succéder à Franquin… Pas simple voire impossible. La reprise de Gaston Lagaffe a défrayé la chronique, mais centrons le propos sur l’album. Delaf est l’auteur des textes et des dessins de l’ensemble des gags présentés dans ce tome 22. Graphiquement, il a procédé comme les repreneurs officiels d’Astérix ou de Lucky Luke : en essayant d’être au plus près du dessin du créateur de la série. Ici, le style du Franquin des années 70, époque où est situé cet album.
Le retour de Lagaffe © Delaf - Dupuis
Au fil des pages, le lecteur connaisseur reconnaîtra parfois des expressions, des attitudes vues dans de précédents gags de Franquin. Rien de « décalqué » pour autant. Delaf sait bien dessiner, il l’a prouvé dans l’excellente série Les Nombrils. Mais il réinterprète ici une partition déjà fortement balisée. Et si le contenu de ses cases est très joliment exécuté, il lui manque sans doute l’assurance qui lui permettrait un peu plus de liberté dans la forme. On peut cependant comprendre qu’il se sente un tantinet écrasé par l’ombre du Maître… et attendu au tournant par les gardiens du temple.
Parlons des gags. Que valent-ils ? Reconnaissons qu’une partie d’entre eux font réellement mouche. Citons par exemple Gaston l’Araignée, l’enduit attrape-mouches, Gaston le pote sur qui on peut compter, Prunelle chez le psy, la chute de Gaston-latex… D’autres gags sont des variations sur des gags de Franquin et s’inscrivent donc facilement dans l’univers de la série, un peu comme des hommages. La dizaine de gags finaux forment une mini-histoire, ce qui donne moins de force à chaque page mais permet à l’auteur de varier les ambiances.
Delaf devrait oser davantage. Pour un premier album, il ne pouvait sans doute pas, entre le cahier des charges de l’éditeur et l’ombre de Franquin qui plane au-dessus de lui. Et malgré cela, il s’en sort quand même bien ! Pour le dessin, il a fait un sacré boulot qu’on peut saluer. Et ses histoires restent dans l’esprit…
Autres lectures conseillées :
Gaston Lagaffe par André Franquin
Les Nombrils par Dubuc et Delaf