Après Sangoma - Les Damnés de Cape Town, Caryl Férey et Corentin Rouge s’associent pour une trilogie dystopique contemporaine, s’attaquant au thème de la migration et du changement climatique : Islander. Un premier tome plein d’action et de suspense.
Des milliers d’européens tentent de fuir le continent ravagé par des catastrophes climatiques. Ces réfugiés s’amassent dans les ports dans l’espoir de rallier l’Ecosse. Dans un camp de transit, patientent le « prof’ », Raph, Livia et sa sœur Francesca. Un bateau arrive enfin, mais rien ne se passe comme prévu. Liam, un jeune homme prêt à tout, vole le passeport de Francesca dans la cohue et prend sa place à bord. Puis, Raph détourne la trajectoire du bateau : cap sur l’Islande, alors que l’île est fermée aux migrants et divisée entre un nord sécessionniste et un sud loyaliste. Pourquoi l’Islande ? Le prof’ doit y accomplir une mission qui pourrait sauver l’humanité. Une mission appelée « Islander ».

Islander - Tome 1 : Des réfugiés s’amassent dans les ports dans l’espoir de rallier l’Ecosse. © Férey - Corentin Rouge- Labriet - éditions Glénat
Eux, c’est nous
Caryl Férey est un romancier primé pour ses polars noirs. Connu pour Sangoma et son affection pour la critique sociale, il s’intéresse cette fois avec Islander à la question du bien commun et de l’individualisme, des migrants et de la xénophobie, de l’entre-aide et de la survie à tout prix… L’introduction de l’album, dans un camp de réfugiés accompagné du cartouche « Le Havre dans quelques années », sonne à la fois comme un funèbre oracle et une invitation à réfléchir à l’avenir de nos sociétés.
Le scénario, certes classique, offre d’intéressantes représentations d’un camp de transit vers la migration ainsi que d’un Parlement islandais déchiré face à l’arrivée massive de réfugiés. Une nécessaire mise en lumière des dangers des dérives xénophobes et déshumanisantes. Le passage convenu, entre viols et violences débridées, dans le camp de concentration est peut-être moins subtil.
Belle île en mer
Le dessin de Corentin Rouge est toujours aussi efficace. Façon Philippe Francq, réaliste et cinématographique. Le découpage est au service des scènes de tensions et d’action. Petit bémol : les personnages féminins principaux sont tous bâtis sur le même archétype lissé (le personnage d’Amy dans Sangoma). L’encrage, en revanche, est plein d’aspérités et de reliefs, sublimé par les couleurs de la coloriste Céline Labriet : parfait pour les impressionnants paysages islandais.
Ce premier tome d’Islander se termine sur un évènement qui peut entièrement faire basculer le cours de l’histoire. À suivre donc !
Article publié dans le Mag ZOO N°102 Janvier-Février 2025
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