Iznogoud est le plus besogneux des politiciens : cela fera 60 ans l’année prochaine qu’il essaie en vain d’être Calife à la place du Calife. Voici quatre nouvelles tentatives, orchestrées par trois scénaristes et deux dessinateurs !
Depuis 1962, le Grand Vizir Iznogoud est salement motivé pour être devenir Calife à la place du Calife. Histoire intemporelle d’une ambition, qui fait bien sûr penser à un certain nombre de personnalités politiques actuelles.
Pendant 15 ans, René Goscinny a écrit pour l’excellent Jean Tabary des histoires courtes d’Iznogoud, éditées par Dargaud en rassemblant 4 à 6 récits par album. Après la mort de Goscinny, Tabary a repris le flambeau seul, comme Uderzo. Mais il a fait évoluer les scénarios, pour proposer une seule longue histoire du méchant Vizir par tome. Nicolas Tabary a succédé à son père avec un style graphique très proche et le même concept scénaristique.
Deux dessinateurs et trois scénaristes ont travaillé sur le tome 31 d'Iznogoud
© IMAV, éditions 2021
Changement pour ce nouvel album, Moi, Calife..., avec un retour aux sources : 5 histoires courtes. Deux dessinateurs se répartissent les histoires. Les 3 premières sont dessinées par Nicolas Tabary, les 2 autres par Elric. Pas de différences flagrantes entre eux, tous deux respectant le trait nerveux de Tabary père, même si l’œil attentif notera qu’Elric fait des cadrages moins serrés sur les personnages que Tabary fils.
L'histoire du peintre ensorcelé Dali est la plus savoureuse de l’album
© IMAV, éditions 2021
Jul a signé le scénario de la 1ère histoire, multipliant de manière appuyée les références à Anne Hidalgo à la Mairie de Paris. Laurent Vassilian, co-auteur de Nicolas Canteloup, assure le service pour la suivante, davantage dans l’esprit, avec une construction assez astucieuse sur un jour de chance (relative) pour Iznogoud. Olivier Andrieu conclut le bal avec 3 scénarios : un jeu d’échecs qui n’est effectivement pas un succès pour le Grand Vizir, un examen dans un univers bureaucratique déjà rebattu par ailleurs, et un peintre ensorcelé au nom évocateur de Dali (Baba). Cette dernière histoire est sans doute la plus savoureuse de l’album.
En transversal, de nombreux jeux de mots capillotractés. Marque d’estampille d’Iznogoud. Comme le fait qu’il ne sera jamais Calife...